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Une votation populaire entraîne la perte d’un label

Le Parc national suisse et le Val Müstair ne pourront plus utiliser le label «réserve de biosphère de l’Unesco» qui récompense les endroits conciliant la conservation de la biodiversité avec le développement durable.

Le retrait du label de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) fait suite à la votation du 15 juin dernier qui a eu lieu dans les communes grisonnes de S-chanf et Zernez. Les citoyens ont en effet refusé d’ajouter une zone tampon à la réserve, comme l’Unesco le demandait. Une réserve de biosphère est une reconnaissance de zones modèles conciliant la conservation de la biodiversité et le développement durable, dans le cadre du Programme sur l’Homme et la biosphère. Lancé en 1971 par l’Unesco, le programme sur l’Homme et la biosphère encourage les recherches et programmes d’actions interdisciplinaires pour une gestion durable des ressources, qu’elles soient naturelles, économiques ou humaines. Il existe actuellement 669 réserves dans 120 pays.

Val Müstair touché

La perte du label va certainement toucher plus fortement le Val Müstair que le reste du parc national. Ce dernier n’utilisait que rarement le label pour sa publicité. Pour le Val Müstair en revanche, il constitue un atout touristique. C’est la seule région en Suisse avec l’Entlebuch, dans le canton de Lucerne, à disposer de ce label.

30 parcs dans le pays

Il existe environ 30 parcs d’importance dans le pays. Le Parc national suisse a été la première réserve de biosphère de l’Unesco en Suisse. Le label lui a été accordé en 1979. Au milieu des années 1990, l’organisation a posé de nouvelles exigences. Elle a demandé que la réserve de biosphère du Parc national sous stricte protection soit entourée par une zone tampon avec des critères de protection moins sévères. Le Parc national avait un délai de vingt ans pour concrétiser cette demande. Il s’est alors allié au Val Müstair, ce dernier devant faire office de zone tampon. En 2010, l’Unesco a demandé que la zone tampon soit étendue aux communes de S-chanf, Zernez et Scuol (GR). Les citoyens des trois communes se sont prononcés sur le plan d’extension. Scuol a nettement accepté, mais les deux autres ont refusé de faire partie de la zone tampon. Quelques voix à peine ont fait basculer le scrutin. A partir de l’automne, le Val Müstair ne pourra donc plus porter le label «Réserve de biosphère de l’Unesco».

Pertes financières en perspective ?

Le territoire enclavé du Val Müstair perd ainsi une chance unique. Une réserve de biosphère n’est en effet pas seulement une zone protégée : il s’agit avant tout d’expérimenter des pratiques de développement durable à l’échelle régionale. D’autres réserves de biosphère dans les Alpes ont montré l’exemple : la valeur ajoutée générée par le tourisme d’été dans la Réserve de biosphère suisse d’Entlebuch atteint 30 millions de francs, avec 400 emplois créés. La Réserve de biosphère de la Grosses Walsertal en Autriche s’est distinguée par de nombreux projets, de l’utilisation des énergies renouvelables au «village d’alpinisme». Et depuis 2013, la zone frontalière franco-italienne autour du Mont Viso profite elle aussi de la carte de la biosphère. La perte du label de l’Unesco risque d’isoler économiquement le Val Müstair et de lui faire perdre une partie de son pouvoir d’attraction touristique.