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Swisscleantech passe les bâtiments au vert

L’association économique libérale swisscleantech s’engage pour défendre une économie verte en Suisse, selon le concept du développement durable, et ce notamment dans le domaine du bâtiment, où les potentiels d’innovation des technologies propres sont énormes.

Défendre les intérêts de l’économie durable dans la sphère publique et privée : telle est la mission que s’est fixée swisscleantech. Cette association économique libérale réunit des entreprises suisses qui soutiennent activement une orientation de la Suisse en faveur du secteur cleantech, soit les technologies, les procédés ainsi que les biens et les services dont le but est de réduire la pollution de l’environnement et de permettre une utilisation durable des ressources naturelles. Pour swisscleantech, la Suisse a les moyens de se placer comme leader cleantech et contribuer ainsi à un développement international durable. « On ne veut plus que notre pays ne soit connu que pour ses banques ou son chocolat », souligne Nicolas Fries, analyste du département matériaux et ressources chez swisscleantech. Pas question pour autant de tomber dans de l’idéologie simpliste, l’économie demeure le fondement du débat. « Nous avons toujours le «business case» en tête, ajoute le spécialiste. Nous nous demandons toujours si être durable peut être rentable. Et nous sommes persuadés que c’est le cas. » En cinq ans d’existence, 300 entreprises ont adhéré à l’association. Autant de petites start-up avant-gardistes que de grandes sociétés possédant une certaine force politique et prônant une économie durable en Suisse. Et il faut bien avouer que l’association s’est désormais fait une place de taille dans la sphère politique. « Nous constatons que nous sommes devenus un partenaire pour les questions énergétiques, se réjouit Nicolas Fries. Cela prouve que la durabilité est devenue un thème important en Suisse. »

Intelligence du bâtiment

Parmi les secteurs dans lesquels swisscleantech s’engage, on trouve notamment celui du bâtiment. Un domaine qui possède un potentiel énorme. C’est principalement dans les techniques de chauffage et d’isolation que les procédés ont fortement évolué ces dernières années. « J’aime bien comparer un bâtiment à une voiture, relève Nicolas Fries. De nos jours, une voiture est très intelligente : elle démarre d’elle-même, elle se parque toute seule… En revanche, le bâtiment est resté un peu stupide. La porte s’ouvre toujours avec une clé, le radiateur fonctionne en permanence, il n’est pas adapté à la chaleur extérieure… » Raison pour laquelle de plus en plus d’entreprises ont développé ces dernières années des techniques d’automatisation du bâtiment, permettant ainsi une interaction entre l’édifice, son utilisateur et les conditions extérieures, comme la météo.

Le bâtiment est resté un peu stupide. La porte s’ouvre toujours avec une clé, le radiateur fonctionne en permanence, il n’est pas adapté à la chaleur extérieure...

Techniques innovantes

Les techniques risquent bien d’évoluer encore largement ces prochaines années : « Je pense que dans le domaine du bâtiment on a encore énormément à faire, insiste le spécialiste de swisscleantech. Le potentiel est gigantesque. » A tel point qu’il ne sera pas étonnant qu’un jour nous soyons en contact direct avec notre maison. La Haute Ecole de Lucerne a, par exemple, mis en place un prototype de maison entièrement automatisée avec laquelle il est possible de communiquer, soit directement en lui enjoignant par exemple d’allumer la lumière, d’éteindre le chauffage ou de fermer des portes, ou via des applications mobiles à travers lesquelles la maison se prépare à notre retour. « Ce type de technique permet par exemple de mettre le chauffage en stand-by durant notre absence et de le réactiver avant notre retour », explique Nicolas Fries.

On constate un certain manque d’intérêt de la jeune génération, ce qui se traduit par une formation lacunaire aux nouvelles technologies.

Rentable à long terme

Ces techniques font rêver, mais forcément l’aspect financier s’impose. Tout le monde peut-il se payer de telles technologies ? « Bien sûr, la question des coûts se pose », reconnaît Nicolas Fries. Toutefois, swisscleantech constate que le temps d’amortissement nécessaire à ce type d’installations tend à diminuer avec l’évolution des technologies. « Une personne qui construit sa maison y habitera encore probablement dans vingt ans. Raison pour laquelle de plus en plus de privés installent des panneaux solaires sur leur toit, des installations profitables dans dix à quinze ans. Naturellement, dans un premier temps ce genre d’installations coûte cher. Mais par la suite, les coûts marginaux sont largement inférieurs au chauffage au mazout ou au gaz. » Si de plus en plus d’entreprises s’intéressent à ces nouvelles techniques de construction, le chemin avant que les bâtiments ne passent définitivement au vert semble encore long. D’autant plus qu’on constate un certain manque d’intérêt de la jeune génération. Qui se traduit alors par une formation lacunaire à ces questions. « Jusqu’à présent, il n’existe que peu d’études pour devenir ingénieur en technique du bâtiment, constate Nicolas Fries. Mais les écoles professionnelles commencent à s’y mettre, comme à Lucerne. » La prise de conscience prend du temps, mais chez swisscleantech, on est persuadé que le sujet finira par s’imposer comme une priorité, notamment lorsque les énergies fossiles seront en grande partie épuisées : « Qui nous dit que la Suisse pourra toujours importer du pétrole ou du gaz dans dix ans comme aujourd’hui et au même prix qu’aujourd’hui ? s’interroge Nicolas Fries. Personne. Et probablement que ce ne sera plus possible. »