Les premières îles végétales sur le Léman
A quelques mètres du Jet d’eau, les flâneurs comme les touristes ont eu la surprise de découvrir, durant le Geneva Lake Festival, trois îles dotées d’une végétation luxuriante.
Bien qu’interdites d’accès au public, il était toutefois possible d’approcher ces îles de plus près grâce à une passerelle flottante aménagée à cet effet. Les visiteurs, aussi enthousiastes qu’émerveillés, se sont extasiés devant cet îlot de verdure, qui a constitué un décor parfait pour selfies et autres photos de groupe. Deux entreprises paysagistes romandes sont à l’origine de cette prouesse technique, Denogent et Jacquet. Rencontre avec Paul-Emile Durand, architecte paysagiste HES, qui a piloté la conception du projet pour l’entreprise Denogent, située à Prangins.
– Le concept d’îlot de verdure sur le Léman est nouveau. D’où vient l’idée ?
Paul-Emile Durand – C’est la toute première fois que nous réalisons une île végétale. L’idée a été initiée par Emmanuel Mongon, producteur exécutif du Geneva Lake Festival. L’objectif était de remettre la rade de Genève et le lac au coeur des fêtes. En 2017, le projet devrait se développer plus largement sur l’eau. Ce fut une année test. L’entreprise Denogent s’est chargée de la conception du paysage, de la scénographie autant de jour que de nuit, de l’éclairage. Quant à l’entreprise genevoise Jacquet, elle s’est occupée de la réalisation et du pilotage technique du projet. Cet automne, un grand débriefing aura lieu, alors nous en saurons plus sur le développement futur.
– C’est un partenariat assez étrange, au fond : deux entreprises spécialisées dans le même domaine, le paysage, concurrentes, qui opèrent sur deux cantons différents et qui travaillent sur le même projet ?
– Le partenariat a été proposé par Marina Denogent qui dirige l’entreprise éponyme. Je connais bien le chef de projet technique de Jacquet, Geoffrey Drag, c’est un ancien camarade d’école, avec lequel j’ai déjà collaboré sur des événements spécifiques. Pour ce projet d’îles végétales éphémères, eux ont supervisé la partie technique, nous la conception. Nous étions parfaitement complémentaires et c’est cette association de talents et d’entreprises qui nous a permis de relever ce défi et de porter ce projet. Cela dit, il s’agit en effet d’une première pour nos deux sociétés. D’autres entreprises ont collaboré dans ce projet : Rampini et Yves Cauderay pour les barges flottantes, Econautic et Constructions Tubulaires pour le ponton flottant.
– Quels ont été les plus grands défis de ce projet ?
– D’abord, l’énorme coordination entre tous les partenaires. Ensuite, l’acheminement et l’installation des plantes et des barges. Ces dernières ont été amarrées à de gros blocs de béton posés au fond du lac. Quant aux plantes, elles proviennent de pépinières romandes et il a fallu les acheminer sur le lac. Pour les faire tenir, nous avons utilisé des rails métalliques et installé un arrosage automatique. Concernant le platane de 12 mètres, il était en « air-pot » et a été choisi auprès de la pépinière Baudat. Ce fut un moment fort et emblématique du projet ; d’ailleurs Léman Bleu a même filmé l’installation. En tout, nous avons installé plus de 1100 plantes. Enfin, les délais étaient très courts, nous avons été mandatés deux mois avant le festival, et l’emplacement de l’île a été défini deux semaines avant seulement.
– Avez-vous bénéficié de subventions de la part de la Ville ?
– Tout le projet a été financé par la Fondation du Geneva Lake Festival.
– Quels retours avez-vous eus de la population ?
– Les gens étaient très enthousiastes même s’ils n’ont pas pu déambuler sur les îles. L’année prochaine, nous espérons pouvoir offrir un jardin flottant encore plus ambitieux et développer le concept.
– Pourrait-on envisager de traverser le lac, des Eaux-Vives aux Pâquis, l’année prochaine ?
– La Fondation du Geneva Lake Festival nous informera de ce qu’elle souhaite pour l’année prochaine, Des projets assez fous ont été réalisés dans le monde ces derniers temps, comme celui de Christo en juin sur le lac d’Iseo dans le nord de l’Italie avec ses pontons flottants ou encore à Paris avec des jardins flottants sur la Seine. C’est un nouveau concept qui a de l’avenir, à voir comment nous pourrons l’intégrer dans notre paysage urbain et lacustre.
Nous avons été mandatés deux mois avant le festival, et l’emplacement de l’île a été défini deux semaines avant seulement.