Le développement du sport fait l’unanimité

Vecteur de santé incontesté, le sport est aussi un formidable levier de croissance pour l’Arc lémanique. Les infrastructures se modernisent, les événements se multiplient et les politiques font le pari de l’activité sportive au cœur des espaces urbains.

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La ville devient une salle de sport à ciel ouvert. Le mobilier et les espaces urbains sont pris d’assaut par les joggeurs.

Grâce à la puissance des réseaux sociaux et au fantasme d’une qualité de vie irréprochable, les villes romandes sont en train de devenir d’immenses salles sportives à ciel ouvert. Mathieu Gleyre, président et responsable de l’association Urban Training, a constaté cette évolution : «La grande tendance, c’est le sport individuel pratiqué à l’extérieur. De plus en plus de personnes pratiquent le running, il y a un effet de communauté directement issu des réseaux sociaux où les gens se mettent en scène lors de leurs activités physiques. Cette évolution vient aussi de la recommandation médicale incitant à manger sainement et à faire de l’exercice.» En 2010, alors qu’il est entraîneur personnel, Mathieu Gleyre découvre un reportage qui évoque la mode parisienne de l’Urban Training. Il décide alors d’importer cette pratique dans les cantons de Vaud et de Genève. Avec succès. «Le but est de faire des exercices de gym en utilisant le mobilier urbain. Grâce au soutien de nos sponsors et des villes concernées, la population bénéficie gratuitement de cette activité.»

Historiquement, le sport est né en ville au cœur des stades et des salles de sport.

Intérêt transversal

C’est une évidence, la pratique sportive a opéré un retour en force dans les villes de Suisse romande et, plus généralement, des métropoles mondiales. Cet engouement a une origine bien précise, selon Christophe Jaccoud, professeur de sociologie du sport à l’Université de Neuchâtel : «Historiquement, le sport est né en ville au coeur des stades et des salles de sport. Cependant, dans les années 60, cette activité s’affranchit des grands centres pour gagner les zones périphériques et les campagnes. C’est au début des années 2000 que le sport commence à revaloriser les espaces urbains. Aujourd’hui, l’ancrage dans les villes est bien réel, il y a même des tour-opérateurs qui proposent de découvrir des métropoles au pas de course. Cela contribue à la transversalité de l’activité sportive.» Le sport est aussi devenu un marché important. Il dope le tourisme, favorise la construction d’infrastructures, incite à l’achat de vêtements et sollicite des services d’enseignement. Cette manne financière pousse donc les politiques à tout mettre en œuvre pour favoriser le développement de ce vecteur de croissance économique. À Lausanne, ville olympique depuis 1994, on a bien compris le potentiel de ce marché en pleine expansion : «Selon une récente étude, les retombées financières du sport s’élèvent à 1 milliard de francs suisses pour notre pays, précise Patrice Iseli, responsable du service des sports lausannois. Dans la capitale vaudoise, il y a une véritable volonté politique de développer le sport en ville avec l’utilisation du mobilier urbain, des courses populaires sans oublier une démarche incitant la population à se bouger. Nous avons également mis sur pied le congrès SportCity réunissant tous les deux ans les acteurs du sport suisse et international à Beaulieu.» En 2020, Lausanne recevra les Jeux olympiques de la jeunesse d’hiver. Pour accueillir cet événement mondial, des infrastructures conséquentes vont être construites. D’ici à 2019, un nouveau stade de football de 12 000 places sortira de terre à la Tuillière et un centre sportif verra le jour dans le quartier de Malley. À Genève aussi, la pratique sportive a le vent en poupe. Selon une étude réalisée par l’Observatoire Sport et activité physique Suisse, près de deux tiers des Genevois font du sport au moins une fois par semaine. En 2018, la ville accueillera les jeux nationaux pour les sportifs en situation de handicap mental. Sami Kanaan, conseiller administratif de la Ville de Genève chargé de la culture et du sport, se réjouit de cet événement. «Le respect de la différence et de la singularité sera à l’honneur en 2018, commente le magistrat. Le personnel du service des sports de la Ville est mobilisé et enthousiaste pour cette grande manifestation à venir.»

Grâce à des infrastructures modernes et à une volonté politique affichée, Genève, mais surtout Lausanne sont devenues des villes où le sport est roi. Cette réalité réjouit la population, car elle correspond à une envie toujours plus grande de vivre en harmonie avec l’espace urbain. Sans oublier que l’activité sportive s’est muée en une importante source de revenus pour de nombreuses PME, mais aussi pour les collectivités publiques, qui peuvent ainsi mêler gain de notoriété et retombées financières.

 

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Société Urbanisme