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L’autre impact des véhicules XXL

Pour faire face à l’augmentation de la taille des voitures et au succès des SUV (sport utility vehicle), les parkings doivent proposer des places plus grandes. La tendance est surtout perceptible à Genève.

Le parking du Mont-Blanc à Genève dispose aujourd’hui de 250 places taillées pour les gros véhicules. Leur largeur ? 3,5 mètres au lieu des 2,3 habituels. Cette nouvelle offre cible les SUV, mais pas seulement, comme le confirme Thierry d’Autheville, directeur de Parkgest et initiateur du projet : « Les conducteurs aiment avoir de l’espace, qu’ils s’agissent des familles avec enfants, des personnes âgées, des femmes enceintes ou simple-ment de tous ceux qui aiment le confort. Nos utilisateurs sont très satisfaits. Le taux de rétention est excellent. Lorsque nos clients essaient les places XXL, ils continuent à les utiliser par la suite. » Côté tarif, la majoration s’élève à 80 centimes par heure. Pas de quoi rebuter les automobilistes. Consciente de cette demande croissante, la concurrence n’a pas tardé à réagir, comme le souligne Emmanuel Merle, responsable communication de la Fondation des Parkings : « Le parking des Alpes au centre-ville propose une quarantaine de places XXL sur quatre niveaux. » Une tendance qui réjouit Yves Gerber, porte-parole du Touring Club Suisse (TCS) : « Il est positif que des initiatives visent à proposer des places plus larges. Nous avons réalisé une étude comparative démontrant que l’ensemble du parc automobile est concerné. Une voiture de type compact comme la Golf a en effet vu sa largeur et sa longueur évoluer en quarante ans. »

Les parkings comme celui du Mont-Blanc sont un non-sens. Ils attirent du trafic.

Succès des 4×4

Selon une étude menée par l’Argus en France, la largeur moyenne des voitures est passée de 1,6 mètre en 1976 à 1,78 en 2016. Parallèlement, les automobilistes sont toujours plus nombreux à craquer pour les 4×4. En Suisse, leur part de marché s’est élevée à 47,5% en 2017. Cette année, ils devraient même dépasser les modèles sans transmission intégrale. Une évolution qui inquiète Lisa Mazzone, vice-présidente de l’Association trans-ports et environnement (ATE) : « C’est très préoccupant. Les voitures sont toujours plus grosses et cela a un impact négatif alors que nous sommes face à une urgence climatique. C’est un non-sens d’avoir aujourd’hui un parking en centre-ville comme celui du Mont-Blanc, car il attire du trafic. »

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Augmenter la largeur des places pour davantage de confort ? C’est le pari du parking du Mont-Blanc.

L’astuce des épis

Dans le canton de Vaud, la situation semble cependant nettement différente. Comme le précise Doris Grobéty, directrice de Parking Management Services. Une société gérant une vingtaine de parkings sur l’Arc lémanique : « Nous n’avons absolument pas prévu de places plus larges dans nos lieux de stationnement. Certaines demandes des usagers nous parviennent, mais cela reste très minoritaire. À Lausanne, il y a tout de même moins de SUV qu’à Genève. Et nous offrons déjà des places confortables puisque leur largeur est de 2,5 mètres. » Même son de cloche de la part de Roger Bornand, président de Parking Riponne : « Franchement, nous n’avons quasiment pas de demandes. De toute façon, ce serait totalement inutile chez nous, car nos places sont déjà en épi, ce qui permet aux automobilistes de manœuvrer beaucoup plus facilement. » Si en terres vaudoises, on semble encore réfractaire à l’idée de faire davantage de place aux SUV, le canton de Berne s’est laissé séduire. Ainsi, le parking principal de la gare propose 12 places XXL et compte en créer six supplémentaires prochainement afin de faire face au succès rencontré. Autre bonne nouvelle pour les conducteurs de gros véhicules, l’Association des professionnels de la route et des transports a révisé l’an dernier la norme de référence pour l’adapter à la taille des voitures modernes. Conséquence, les futures places de stationnement publiques devraient gagner environ 5 centimètres en largeur.