Interview Natacha Litzistorf
– Quelles sont les étapes de la politique de (re)verdissement menée et projetée en ville de Lausanne et quel bilan en tirer ?
Natacha Litzistorf – Depuis le début des années 90, la gestion des espaces verts se fait selon le principe de l’entretien différencié. Il est moins intense et moins coûteux que l’entretien traditionnel. En 2012, un pas supplémentaire est franchi avec l’introduction de l’entretien écologique différencié. Les produits de synthèse sont ensuite complètement bannis des parcs et des cimetières de la ville. De plus, la Municipalité conduit systématiquement une réflexion lorsque l’usage d’un espace vert (jardins, parcs, placettes, promenades) ne correspond plus aux besoins et aux attentes des habitants. Le verdissement en ville passe aussi par les légumes : un ou deux plantages par année sont réalisés dans les quartiers, impliquant ainsi les habitants pour intégrer plus de nature en ville. Ces potagers sont cultivés selon le principe du jardinage biologique. La Municipalité encourage aussi les privés à verdir la ville: chaque initiative est encouragée et soutenue via le sigle « Nature en ville ».
– Lausanne est-elle bonne ou mauvaise élève en termes de nature en ville ?
– La place de l’eau est essentielle dans une ville et cette « trame bleue » fera partie de la politique que je souhaite mener en matière environnementale. Oui, Lausanne est bonne élève en matière de nature en ville, elle est même précurseur en ce qui concerne l’entretien écologique différencié, les plantages, la manifestation Lausanne Jardins (qui allie l’acte architectural et la promotion du jardin), l’abandon des produits de synthèse. Lausanne est une ville verte grâce à ses grands domaines agricoles et forestiers et grâce aussi à l’héritage reçu des grandes familles vaudoises (parc de Mon-Repos, du Denantou, du Désert, etc.).
– La nécessité de créations originales est-elle ressentie par la population, ou celle-ci préfère-t-elle la multiplication de petites touches là où cela est possible ?
– Les deux sont attendues de la population : la manifestation Lausanne Jardins a, depuis des années, amené l’art et la création architecturale dans les jardins et les parcs de la ville. De nouveaux espaces verts sont aussi créés. En matière de petites touches vertes, la nature doit aussi pouvoir s’insérer dans de petits espaces urbains – par exemple le réaménagement de la placette Pré-du-Marché – ou dans des espaces résiduels – comme au niveau des pieds d’arbres.
– La volonté politique et les moyens sont-ils garantis à long terme en période de difficultés économiques ?
– La qualité des espaces verts n’est pas forcément liée aux moyens financiers. Les valeurs et les attentes en matière d’espaces verts ont changé : les habitants veulent souvent des structures et des espaces plus naturels que par le passé, donc souvent moins coûteux.
– La ville écologique de demain est-elle une utopie ?
– Non, c’est la seule voie raisonnée et raisonnable pour garantir la qualité de vie en ville.