Interview Jean-Yves Le Baron
Les espaces verts sont-ils devenus aujourd’hui des éléments clés dans le développement de projets urbanistiques ?
J.-Y. Le Baron – Plutôt que d’utiliser le terme d’espaces verts, connoté années 50-60, je parlerais plutôt d’espaces ouverts, libres, d’espaces publics. Depuis huit, dix ans s’est mise en place une réflexion sur la ville et l’équilibre entre le plein et le vide, et évidemment la question paysagère est centrale. Aujourd’hui, on essaie de développer une ville qui se constituerait sur la référence du vide, comme l’ont fait des paysagistes aux XVIIIe et XIXe siècles à Lausanne, à la place de Milan et au parc de Valency par exemple. On la conçoit et la planifie sur des grands espaces de respiration, de grands vides, qui permettent de s’orienter, et où se greffent des réseaux de mobilité douce, éléments essentiels pour avoir des villes de qualité.
– Quels ont été les éléments déclencheurs ?
– Le chaos généré par certaines situations, le tout-voiture des années 60, les grandes artères, la densification peu ou pas réfléchie, qui avait pour conséquence un mitage du territoire, face à un besoin d’accueillir une population plus importante dans les villes. Le climat également a joué un rôle avec la hausse des températures dans les villes. Le végétal sert alors de thermorégulateur.
– Que faut-il faire ?
– Pour le bien-être de la population en ville, il est essentiel de rapprocher l’urbanisme du végétal, c’est une question de santé publique aussi. Aujourd’hui, le paysagiste n’est pas tout le temps présent au moment du montage du projet, cela se met en place progressivement. L’idéal serait d’avoir dès le départ un architecte, un paysagiste et un urbaniste. Il faut noter toutefois qu’il y a de plus en plus de démarches participatives où de nombreux professionnels de différentes disciplines se réunissent ; ce fut le cas dans nos séances de travail aux Plaines-du-Loup, dans le cadre du projet Métamorphose à Lausanne, où se sont réunis des professionnels de la santé, du social, de l’architecture, de l’urbanisme et de la planification.
– Le fait d’être nombreux autour d’une table ne complexifie-t-il pas les projets ?
– Ce n’est pas aussi compliqué que cela car nous avons tous les mêmes soucis de qualité de vie. Ce dont on parle de plus en plus dans certains projets, c’est l’échelle des parcs. On essaie de pousser au maximum leurs dimensions en mettant bien en avant l’idée que le fait de densifier davantage peut permettre d’avoir des espaces vides plus grands.
Rapprocher l’urbanisme du végétal, c’est une question de santé publique aussi.