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Interview de Florian Bischoff

– Quel est le rôle des architectes paysagistes dans le développement de jardins et d’espaces verts au sein des villes suisses ?

Florian Bischoff – C’est un rôle de premier plan, et tout spécialement à notre époque où l’on met en pratique la densification du territoire urbain. Celle-ci ne concerne pas seulement le bâti proprement dit, mais l’ensemble des espaces de la cité ; on veut un peu partout que davantage d’habitants vivent et travaillent dans un périmètre donné et, dans ce contexte, il est évident que la qualité des espaces publics, singulièrement des espaces verts, revêt une grande importance. Les architectes paysagistes sont au centre de cette évolution et Genève, entre autres, bénéficie d’un patrimoine vert de très grande qualité. Au fil des décennies et sans interruption ou presque, les Genevois – de l’Etat aux propriétaires, des communes aux organisations internationales – ont porté beaucoup d’intérêt au capital naturel. Je parle de capital, car un arbre est un placement à très long terme : on ne peut remplacer un cèdre centenaire s’il est abattu, ou alors il faut avoir un siècle devant soi ! Il s’agit donc non seulement de créer du nouveau mais aussi d’intégrer l’existant.

– Les pouvoirs publics font-ils appel à vous et dans quelle mesure : au stade de la conception d’une politique ou plus tard ?

– C’est la grande question ! Quelle priorité, quelle attention donnera-t-on au végétal et à l’espace aménagé lorsqu’on planifie l’urbanisme ? Parfois, les architectes paysagistes sont consultés dès la phase initiale d’un projet et leur influence est évidemment plus forte dans ces cas-là, y compris sur le bâti, sur l’équilibre des volumes et des fonctions : l’extérieur et l’intérieur s’influencent mutuellement. Mais souvent, par exemple dans de petites communes, les responsables n’ont pas les ressources nécessaires et l’on fait appel à nous en dernière instance. C’est un manque qu’il faudrait arriver à combler.

– La ville écologique de demain est-elle une utopie et quelle place les architectes paysagistes sont-ils appelés à y tenir ?

– Une utopie est faite pour inspirer et motiver ! Cela permet d’imaginer l’avenir. L’accroissement de la population et des déplacements implique que l’on réfléchisse et prépare une ville offrant une haute qualité de vie. Nous avons évidemment notre place en tant qu’architectes paysagistes, aux côtés des urbanistes, des architectes, des ingénieurs, tant il est vrai que seule une approche ouverte, pluridisciplinaire, permettra de concrétiser de vraies solutions.