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Le plastique, un fléau en Thaïlande

La Thaïlande est l’un des principaux contributeurs à la pollution plastique des océans. Devant l’inefficacité des mesures prises par les pouvoirs publics, le secteur privé s’organise pour tenter de réduire les déchets plastiques.

Des eaux turquoise, une étendue de sable blanc bordée d’une dense végétation tropicale. La plage de Naithon, sur l’île de Phuket, a tout d’un lieu paradisiaque. Mais rapidement, le regard des promeneurs est attiré par de petites formes multicolores qui jonchent le littoral.

Emballages, sacs, bouteilles : le rivage est parsemé de déchets plastiques. Un spectacle malheureusement fréquent en Thaïlande. « Il y a un problème d’addiction au plastique dans notre pays », déplore Tara Buakamsri, directeur de Greenpeace Thaïlande. « Les supermarchés distribuent gratuitement des sacs en plastique, nous utilisons des récipients en plastique pour manger. Le plastique, on le prend, on le jette, c’est ça le problème. »

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La société Generation Water, basée sur l’île de Phuket en Thaïlande, produit de l’eau potable à partir de la condensation de l’air ambiant.
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La société Generation Water, basée sur l’île de Phuket en Thaïlande, produit de l’eau potable à partir de la condensation de l’air ambiant. ©Anne Suthida
La société Generation Water, basée sur l’île de Phuket en Thaïlande, produit de l’eau potable à partir de la condensation de l’air ambiant.

Résultat : chaque Thaïlandais consomme en moyenne huit sacs en plastique par jour, et la Thaïlande fait partie des principaux contributeurs à la pollution plastique des océans (voir encadré). Face à ce constat alarmant, le gouvernement thaïlandais a lancé un plan ambitieux : recycler, d’ici à 2030, 100% des plastiques collectés, ce qui appelle à un changement drastique des mentalités. Changer les mentalités, c’est justement l’objectif de Matthew Kohler, le directeur technique de la société Generation Water, basée à Phuket. Il y a quelques années, ce jeune Sud-Africain assiste à une scène qui va bouleverser sa vie professionnelle : « Nous marchions avec mon frère Ryan et sa femme Meghan sur une plage de l’île de Ko Samui en Thaïlande. Il y avait des bouteilles en plastique partout. Nous avons alors décidé de les ramasser. Le lendemain, le littoral était de nouveau couvert de détritus », explique-t-il. « Dans les hôtels, nous recevions des bouteilles en plastique. Elles s’empilaient dans la poubelle. Ce fut une révélation : nous avons compris qu’il fallait s’attaquer à l’origine du problème. »

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Matthew Kohler, cofondateur et directeur technique de Generation Water, et ses associés espèrent distribuer rapidement près d’un milliard de bouteilles en verre par an. ©Olivier Cougard
Matthew Kohler, cofondateur et directeur technique de Generation Water, et ses associés espèrent distribuer rapidement près d’un milliard de bouteilles en verre par an.

Quelques mois plus tard, Matthew, Ryan et Meghan fondent Generation Water. Leur ambition : réussir à produire de l’eau potable à partir de la condensation de l’air ambiant, la filtrer, la purifier, l’enrichir en minéraux pour ensuite la distribuer dans des bouteilles en verre réutilisables et recyclables. La chaîne d’hôtels de luxe JW Marriott signe rapidement un partenariat. Au mois d’août 2016, Matthew, Ryan et Meghan s’installent sur l’île de Phuket pour lancer la production. Deux ans d’attente seront nécessaires avant de recevoir l’aval des autorités thaïlandaises. Les premières bouteilles d’eau en verre sont finalement distribuées aux clients de l’hôtel JW Marriott Phuket Resort &  Spa l’été dernier. « Évidemment, au début, on se demande toujours comment les personnes vont réagir », confesse Matthias Y. Sutter, le directeur général de l’établissement. « Honnêtement, nous n’avons pas eu un seul retour négatif. En dix mois, l’hôtel a économisé l’achat et la distribution de 300’000 bouteilles en plastique et réalisé ainsi d’importantes économies ». Un résultat qui décuple les ambitions de Generation Water : « Nous voulons nous attaquer au marché mondial et distribuer dans le futur un milliard de bouteilles par an », déclare fièrement Matthew Kohler, un verre d’eau à la main.

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