À Haïfa, les jardins baha’is
Son nom se voulait une promesse. En 1843, un noble persan décide de se faire appeler Bàb : la porte, en arabe. Il se révèle au monde comme le prophète d’une nouvelle religion dont le fondement est le rassemblement spirituel de toute l’humanité au-delà de ses différences de couleurs et de croyances. Les femmes sont reconnues comme les égales des hommes. Les croyants de cette nouvelle religion sont incités à se considérer comme les jardiniers d’un nouvel Éden. Accusé d’apostasie, par les autorités islamiques, Bàb passe le reste de sa vie en prison. Avant d’être exécuté, il annonce l’arrivée d’un autre prophète de la foi baha’ie. En 1863, Baha’U’Allah affirme être le successeur du Bàb. Pendant quarante années, lui aussi va connaître la prison et l’exil. En 1892, Baha’U’Allah meurt sur les pentes du Mont Carmel, à Haïfa, alors sous domination turque. La ville est ainsi devenue la cité sainte du baha’isme, une foi qui rassemble 5 millions de personnes dans le monde. En 2001, la communauté baha’ie ouvre au public un jardin s’étendant sur un kilomètre au-dessus de la baie de Haïfa. Le parc est constitué par un étagement vertigineux de 19 terrasses. L’ensemble est surmonté par un mausolée où sont conservés les restes du Bàb. La création de ce jardin a coûté 250 millions de dollars que la communauté baha’ie a patiemment rassemblés pendant presque vingt ans. Durant toutes ces années, la communauté baha’ie a été guidée par son désir d’offrir au monde un espace aussi lumineux, aussi apaisant que fut ténébreuse la vie de ses deux prophètes. C’est l’architecte iranien de confession baha’ie Fariborz Sahba qui a été chargé de dessiner puis de réaliser cette « nouvelle merveille du monde », à l’endroit exact où, selon la Bible, le prophète Elie a défié puis vaincu 250 prêtres du dieu Baal. Désormais, 700 jardiniers travaillent à entretenir les jardins baha’is de Haïfa. La plupart d’entre eux considèrent leur tâche comme un acte de foi. Comme les milliers d’arbres et d’arbustes qui sont plantés ici sont capables de croître vers le soleil sans se concurrencer, l’humanité, dans sa foisonnante diversité, doit pouvoir progresser dans la paix vers la révélation de son unicité. ■