Taux de recyclage : Genève et Vaud peuvent faire mieux

Loin de son image de carte postale, l’Arc lémanique n’est pas vraiment un bon élève en matière de recyclage des déchets. La Suisse non plus. Selon le dernier classement publié par le World Economic Forum (WEF), notre pays occupe la neuvième place derrière l’Allemagne, Singapour, le Pays de Galles, la Corée du Sud, l’Autriche, Taïwan, la Slovénie et la Belgique. Alors que le taux de recyclage helvétique se situe en moyenne à 52%, nos voisins allemands dépassent les 65% depuis 2013. Pourtant, tout avait bien commencé, comme le rappelle Vincent Chapel, CEO de la société carougeoise Helvetia Environnement : « Au milieu des années 1990, la Confédération interdit la mise en décharge. C’est une œuvre de pionnier puisqu’il faudra attendre 2018 pour que l’Union européenne prenne la même décision ! Cette interdiction fédérale aura des effets très positifs, puisque l’enfouissement est prohibé et la pollution des sols passablement réduite. » Avant d’ajouter : « Au fil des années, la Suisse a commencé à stagner, en se disant qu’elle avait de l’avance en la matière. Quand on observe le dernier classement publié par le WEF, on se rend compte que ce n’est plus le cas ! »

Évolution positive

Selon le Département du territoire (DT), comparer une région à forte densité de population avec un pays entier n’est pas pertinent. Le même constat est valable entre le canton de Genève et la Suisse : à Genève, la production de déchets incinérables par habitant s’élevait à 299 kg en 2017 pour un taux de recyclage de 48,6%, alors qu’en Suisse ce chiffre était de 334 kg/hab, pour un taux de recyclage de 53%. En produisant moins de déchets incinérables, le Genevois est donc plus vertueux que le Suisse ! Dans le même temps, le canton de Vaud a vu son taux de collecte évoluer positivement ces dernières décennies. Il est passé de 29,2% en 1994 à 56,8% en 2017. Mais il reste encore une marge de progression, comme le souligne Denis Rychner, responsable de la communication au sein de la Direction générale de l’environnement : « Elle concerne les biodéchets encore jetés avec les ordures ménagères. Les enjeux ne se situent cependant plus tellement dans l’augmentation du taux de recyclage, mais dans l’amélioration de la qualité des matériaux collectés séparément et, surtout, dans la réduction des déchets à la source. » Vincent Chapel préconise une autre solution : le tri complémentaire : « Il se situe entre le geste des particuliers et les incinérateurs publics. Cela permettrait des taux de recyclage nettement supérieurs. »

Améliorer l’information et le réseau de collecte des déchets

Un concept qui séduit en partie Jasmine Voide, responsable romande de l’association Swiss Recycling : « Un tri complémentaire est une possibilité, mais cela demande un grand investissement financier, et il y a beaucoup de risques de contamination croisée. » Même son de cloche de la part de Jacques Martelain, directeur du Service de géologie, sols et déchets, dans le canton de Genève : « Instaurer un autre modèle que le tri à la source pourrait déstabiliser les ménages qui trient. Et la qualité des fractions est bien meilleure lorsque l’on trie à la source, car il n’y a pas de risque de contamination croisée. Par exemple, d’un papier propre avec une boîte de conserve. » Peut-on tout de même espérer une amélioration des taux de recyclage ces prochaines années ? Vincent Chapel en est convaincu : « On se rend compte que le tri à la source a montré ses limites et que l’on ne peut plus multiplier les poubelles dans les immeubles. Si le canton de Vaud tend à se maintenir dans un certain statu quo, avec des résultats assez mitigés suite à l’introduction de la taxe au sac, les choses avancent à Genève. Après des années d’immobilisme, cela devient intéressant. »