SwissLeaks, le début de toutes les dérives?

Des révélations qui font l’effet d’un tremblement de terre. Le 9 février dernier, les SwissLeaks exposent au grand jour un immense système international de fraude fiscale et de blanchiment d’argent mis en place par la banque britannique HSBC à partir de la Suisse. Des fuites qui font l’effet d’une bombe dans le monde de la finance… et même dans le monde tout court.

Il faut remonter quelque peu en arrière pour se souvenir des prémices de l’affaire. Le 26 décembre 2008, Hervé Falciani, ancien informaticien de la banque HSBC, faisait la une des journaux en remettant à un agent de l’administration fiscale française 65 gigaoctets de données secrètes (noms, dates de naissance, numéros de passeport, numéros IBAN des comptes, mouvements bancaires) concernant plus de 100 000 personnes liées à des comptes d’HSBC Private Bank Suisse SA. Des comptes qui portaient sur un total de plus de 100 milliards de dollars. Ces données sont transmises au journal Le Monde en février 2014, qui décide alors de mener l’enquête conjointement avec d’autres médias. Coordonnée par le Consortium international des journalistes d’investigation, l’enquête est conduite par plus de 140 journalistes de 45 pays. Elle révèle la réalité dérangeante du secret bancaire helvétique. Dans la masse des fonds non déclarés, la banque genevoise a hébergé durant plusieurs années l’argent de trafiquants de drogue, de marchands d’armes ou encore de personnes soupçonnées de financement du terrorisme. Des révélations qui illustrent de graves manquements de la part d’HSBC dans ses procédures de contrôle internes. « Nous vous avions déjà écrit en mars 2010 pour vous informer que la banque avait été victime d’un grave vol de données perpétré par un informaticien. Nous avons appris que certains médias, dont le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), ont obtenu accès à ces informations. Malgré nos efforts (…), il existe un risque que des données historiques apparaissent dans le domaine public. Nous nous excusons sincèrement pour ces désagréments. » La réalité énoncée par le directeur d’HSBC Private Bank Suisse SA, Frank Morra, dans une lettre à ses clients est brutale. Pour la première fois, une banque suisse voit des données privées devenir accessibles à un public mondial. Il s’agit de la plus importante fuite de données de l’histoire du secret bancaire. Bien qu’elles permettent de mettre en lumière de graves manquements de la part de la banque genevoise, ces fuites interpellent également sur une problématique qui nous touche un peu plus chaque jour : l’érosion des droits individuels. Car il s’agit bien de données hautement confidentielles et privées qui se trouvent divulguées aux yeux du monde entier. Ces fuites montrent à quel point la confidentialité de données personnelles est désormais devenue fragile. Car si des données bancaires ont pu être volées puis transmises sans problème, qui peut certifier que d’autres types de nos données privées ne seront pas un jour dérobées et utilisées à des fins bien moins honorables que dans le cadre des SwissLeaks ?

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