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Quand les déchets donnent naissance à des objets design

Une petite entreprise basée à Bangalore en Inde s’est spécialisée dans le surcyclage ou upcycling. Elle a ainsi adapté une tradition indienne ancestrale consistant à donner une nouvelle vie aux objets usagés ou aux matériaux inutilisés.

Créée il y a trois ans, la société Rimagined propose quelque 500 produits au design coloré, qui ont tous été créés à partir de déchets. À la tête de cette entreprise, une femme de 42 ans, Shailaja Rangarajan, soucieuse de l’avenir de la planète avec un idéal : créer une alternative à la plupart des objets de consommation courante via le surcyclage, sans pour autant jouer sur la qualité ni sur le design.

Du bénévolat à temps partiel à la création d’entreprise

Alors qu’elle travaille en tant que business process consultant dans une entreprise, Shailaja Rangarajan s’engage comme bénévole pour aider et encourager la population des différents quartiers de Bangalore à trier ses ordures. Elle finit par quitter son poste de consultante pour se consacrer à 100% à cette cause. Elle découvre alors que le problème de la surconsommation est en grande partie responsable de la quantité colossale de détritus en Inde (plus de 60 millions de tonnes par an) — de nombreux produits bon marché étant à la portée de la plupart des gens. Elle réalise alors qu’une simple gestion des déchets ne suffit pas. « Je souhaitais faire quelque chose de plus. Je voulais créer un style de vie qui soit plus durable, pour éviter l’épuisement des ressources naturelles et la transformation de la campagne en dépotoir. Le surcyclage poursuit précisément ces deux objectifs », explique la fondatrice de Rimagined.

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Des femmes travaillent à la création d’objets originaux sur le site de production de Calcutta.

L’éthique et l’écologie au cœur du projet

Shailaja Rangarajan lance son site internet en avril 2016 pour vendre des objets fabriqués à la main, donnant ainsi une nouvelle vie aux déchets. Si elle se soucie de l’avenir de la planète, elle pense aussi aux femmes défavorisées en Inde en leur offrant du travail, alors que certaines ne possèdent aucune qualification particulière. « Notre but est de les former suffisamment bien pour qu’elles puissent être considérées comme des artisans. » Sur le site de production à Calcutta, l’entrepreneuse emploie une quinzaine de mères d’enfants aux besoins particuliers, issues de milieux précaires, ainsi que deux tailleurs. Celles-ci viennent sur le site avec leurs bambins. Dans une partie du bâtiment, les femmes travaillent, tandis que dans l’autre, les enfants assistent aux cours. Par ailleurs, une dizaine de tisserands indépendants participent au succès de l’entreprise.

 Le point clé du surcyclage est un design innovant. 

Une nouvelle vie pour les déchets

Avant même d’envisager une nouvelle création, le personnel de Rimagined vérifie la qualité des déchets, en particulier les bouts d’étoffe, puis les trie. La plupart sont des restes de tissus destinés à être jetés par les fabriques après avoir conçu leurs produits. Les particuliers apportent également certains de leurs déchets, notamment les vieux habits, les meubles cassés ou les bouteilles en verre pour que la compagnie de Shailaja leur invente une nouvelle vie. « L’un des points clés du surcyclage est un design innovant. Le matériel à disposition agit comme une contrainte, et nous essayons d’imaginer en quoi il peut être transformé. » Les artisans doivent donc faire preuve de créativité pour créer des objets à la fois utiles et esthétiques.

Jusqu’à présent, Rimagined a surcyclé de 30 à 40 tonnes de matériel jeté par les entreprises et de 10 à 12 tonnes d’objets usagés apportés par des particuliers. « Le surcyclage en Inde faisait partie du quotidien de chaque ménage traditionnel, où il était d’usage de réutiliser les objets en vue de leur donner de nouvelles fonctions. Rimagined s’est constituée en entreprise pour faire du surcyclage une nouvelle mode, à travers des designs innovants. » Les objets sont vendus et distribués via le site internet de Rimagined, presque exclusivement sur le marché indien. Mais Shailaja Rangarajan a l’intention de lancer ses produits sur le marché international également. « Il nous arrive de vendre nos créations à des clients en dehors de l’Inde, mais ceux-ci prennent directement contact avec nous pour des demandes spécifiques. Nous avons l’intention d’augmenter la part de cette clientèle dans le futur. »

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Environnement