Singapour, scènes de rue colorées

Singapour est une ville moderne, de verre et d’acier. Elle est lisse et brillante, avec des gratte-ciels étincelants à l’aspect nickel sous un ciel bleu. Toutefois, des artistes ont bravé l’interdit et se sont exprimés dans la rue et partout sur les murs.

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Singapour, Haji Lane. Des murs colorés ont redonné vie au quartier.

Comme Singapour s’est développée à partir d’une ville portuaire décrépite une fois qu’elle a obtenu son indépendance il y a 50 ans, son paysage urbain s’est également modifié. Disparus les pousse-pousse allant et venant, et les vendeurs de nourriture ambulants servant des plats chinois, malais et indiens sur les trottoirs de la ville. Même les clochards et les mendiants sont partis. Le street art est également une rareté. On ne peut pas trouver de graffitis à Singapour. Dans une ville où le chewing-gum est interdit et le fait de traverser en dehors des passages piétons est pratiquement inconnu, quelque chose d’aussi imprévu et spontané qu’un graffiti ne serait pas toléré. Enfin, presque jamais. Il existe une exception, un endroit où le street art reste une expression populaire, un avant-poste créatif et coloré qui permet aux gens du quartier de se fondre dans une scène de rue vivante et colorée qui donne l’impression d’une débauche de couleurs et procure un soulagement bienvenu à l’omniprésence des galeries marchandes.

L’art est un contrepoint important au paysage urbain homogénéisé de Singapour.

L’art qui donne des couleurs

Haji Lane, située à Kampong Glam (le quartier d’Arab Street), conserve son éclat et son imprévisibilité. Les shophouses – historiquement représentatifs de l’architecture typique de l’Asie du Sud – sont décorés avec des couleurs brillantes et du street art. Leurs façades et leurs murs latéraux sont recouverts de couleurs brillantes par les marchands ou les propriétaires eux-mêmes et constituent une scène de rue spectaculaire. Plus grandes que nature, les peintures murales colorées, commandées par les propriétaires locaux, couvrent les murs extérieurs, en s’étendant habituellement sur deux étages des shophouses, avec un effet éclatant.
À un moment donné, l’Office de réaménagement urbain de Singapour (URA) a exprimé des objections concernant le street art d’Haji Lane, mais les habitants ont signé une pétition et convaincu les autorités que le quartier est un contrepoint important au paysage urbain homogénéisé de Singapour. Ils disent que la couleur et le côté sympa de l’art public ont permis une renaissance du quartier, en attirant les cafés, les boutiques et les magasins de vêtements, et en incitant les jeunes entrepreneurs et designers de Singapour à en faire une scène branchée et vivante. Les responsables de la ville soutiennent maintenant la scène de l’art public d’Haji Lane, et ont même lancé un programme « Rues pour les gens » qui aide les projets communautaires à transformer les rues en des espaces publics à vocation particulière, tels que des
zones sans voitures durant le week-end. « Les zones sans voitures pour le week-end d’Haji Lane, Club Street et Circular Road sont de très bons exemples de la façon dont la communauté locale a travaillé main dans la main en vue de créer des zones sans voitures animées que les gens apprécient. Nous approuvons davantage ce type d’initiatives sur le terrain afin de libérer le potentiel de nos rues comme espaces publics temporaires. Nous espérons que le programme « Rues pour les gens » permettra d’en aider d’autres qui veulent que leur quartier obtienne le même succès », a déclaré Ng Lang, directeur général de l’URA. ■

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Patrimoine Urbanisme