Retour à la terre

On la rend responsable de nuire à la biodiversité, de vider les nappes phréatiques et de polluer les sols. L’agriculture rappelle qu’elle est indispensable pour nourrir la planète et mène depuis longtemps sa révolution.

Comment nourrir toujours plus de monde tout en respectant l’environnement ? C’est l’immense problème auquel sont confrontés les agriculteurs d’aujourd’hui. Un défi difficile, entravé par les critiques récurrentes envers une profession dont les pratiques, pour répondre à la demande galopante, sont parfois discutables. Fils et petit-fils d’agriculteur, Blaise Hofmann a publié un livre pour dénoncer cet acharnement (lire p.18). Son Faire paysan a fait un carton dans les librairies cet été. Car pour un métier réputé déjà pénible, où les congés sont un luxe et les rémunérations pas vraiment une motivation, ces attaques peuvent mener à des drames : tous les jours, en France, un agriculteur se donne la mort.

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(Zoe Schaeffer)
De plus en plus de jeunes issus d’exploitations agricoles ou néoruraux veulent apprendre le métier de paysan.

En Suisse, une étude de 2018 de L’Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Berne concluait que le risque de suicide était 37% plus élevé chez les paysans que dans le reste de la population. Ce qui ne décourage pas la jeunesse qui se lance dans la formation, surtout les femmes, avec une forte augmentation de personnes qui ne sont pas issues du milieu agricole. En 2018-2019, dans notre pays, le nombre d’apprentis y était de 5,2% supérieur à la moyenne mesurée au cours des sept années précédentes. En 2022, ce taux augmentait encore de 5%. Ils étaient 3917 en 2023, soit 15% de plus qu’en 2015. Il faut dire qu’il y a urgence à assurer la relève : en 2038, la moitié des responsables d’exploitation du pays partiront à la retraite.

Pas étonnant que l’agriculture attire cette nouvelle génération qui s’engage ainsi à répondre, par tous les moyens, aux préoccupations environnementales qui oblitèrent son avenir tout en cherchant une profession porteuse de sens. Reste le problème des terres. Difficile, quand on ne vient pas d’une famille d’agriculteurs, d’en acquérir. L’organisation paysanne Uniterre constate ainsi que 60% des titulaires du CFC de maraîcher ne trouvent pas de parcelles.