Protection trop rapprochée
Sans être titulaires d’une carte de membre du Parti communiste, nous avions tous plus ou moins, voilà encore quelques années, l’illusion qu’il y avait un « sens de l’Histoire » et que l’Humanité, débarrassée des peurs paralysantes de la famine, de l’esclavage et de l’arbitraire des tyrans, allait bénéficier peu à peu du progrès, technique et démocratique. Quelle illusion ! La violence, la faim, l’esclavage et la dictature – y compris sa version molle, la fameuse « police de la pensée » conformiste – ne se sont jamais si bien portés. Certes, la plupart des lecteurs d’IMMORAMA ne vivent pas en Syrie ou en Irak, ni en Corée du Nord.
Il n’empêche que leurs transactions financières sont épiées, leurs communications téléphoniques peu sûres, leurs antécédents d’automobilistes archivés, leur santé mesurée par de gentils médecins – mais aussi par de méfiants assureurs. Même le citoyen-soldat, icône théorique du système suisse, fait l’objet de fichage et se voit parfois retirer la garde de son fusil-mitrailleur ou même – le cas s’est produit à Genève – d’une baïonnette décorative, « par précaution ». Une plaisanterie douteuse, un couteau suisse oublié dans une poche, un verre de blanc de trop, un casque de moto oublié… Plus rien n’est vraiment innocent à notre époque. Et pourtant, était-on vraiment plus « libre » avant Mai 68 ? La variété des personnalités qui s’expriment ici, ainsi que la pertinence de leurs analyses vous feront sentir plus libre. Ou l’inverse…
Société