Police et citoyens : tous unis contre les cambriolages

Ces dernières années, l’Arc lémanique a subi une augmenta-tion sans précédent du nombre de cambriolages d’appartements, villas et commerces. Qui sont ces voleurs ? Comment opèrent-ils ? Que peuvent faire les autorités et la police pour contrer ces méfaits ? Et les citoyens, doivent-ils rester les bras croisés ? Enquête auprès des polices cantonales.

La Suisse n’est plus le paisible îlot de tranquillité qui a fait sa réputation dans le monde. Ces dernières années, les vols et cambriolages se sont multiplié alimentant le sentiment d’insécurité des citoyens. A Genève, 2011 a été la pire année avec quelque 5 900 vols par effraction de villas et appartements recensés, contre environ 5 350 en 2010 et 5 100 en 2009. Dans le canton de Vaud, la statistique policière fait également état d’une augmentation substantielle des vols par effraction en 2011 : environ 8 400 en 2011, contre 7 350 en 2010. « Actuellement, il y a une croissance de 20 % par rapport à 2011, reconnaît Pierre-Olivier Gaudard, commissaire adjoint de la division prévention de la criminalité à la Police cantonale vaudoise. Cette augmentation est due à de multiples facteurs, notamment la dégradation de la situation économique en Europe et l’impression que la Suisse, c’est facile et qu’on peut y agir en toute impunité. » Une bonne nouvelle cependant parmi ces chiffres effrayants : en 2012, à Genève, la police a constaté une baisse des cambriolages de 15 à 20 %. « Même si le nombre de vols par effraction reste encore beaucoup trop élevé, nos interventions et les mesures mises en place portent leurs fruits », déclare Eric Grandjean, le porte-parole de la Police cantonale de Genève.

A chacun son modus operandi

Pour intervenir plus efficacement, la Police genevoise a lancé en 2010 l’analyse criminelle opérationnelle, qui consiste en la récolte du renseignement et des moyens de preuves, en l’identification du style de cambriolage, en la connaissance du milieu et de ses réseaux. Elle a également fait appel à des renforts, avec une vingtaine de nouveaux inspecteurs, notamment techniques et scientifiques. Et organisé une collaboration étroite avec le corps des gardes-frontières. « Pour l’essentiel, les cambrioleurs opérant sur le territoire lémanique se divisent en six catégories, dont chacune possède son modus operandi », relève Eric Grandjean. Le plus souvent, le cambrioleur agit par opportunité. « Il n’a pas de cible préméditée, explique Pierre-Olivier Gaudard. Il se balade là où il pense qu’il y a des valeurs, et s’il voit une situation favorable, une villa avec une haie touffue, ou une serrure fragile, il passe à l’action. » Surtout, il est stressé et veut agir le plus vite possible. Il ne s’acharnera pas sur une porte pendant 30 minutes. « L’histoire du cambrioleur qui surveille vos allées et venue est un mythe. A moins que la victime visée ne possède des valeurs inestimables », confirme Eric Grandjean.

Mesures de prévention

Genève et Vaud ont tous deux mis en place un programme de prévention des cambriolages faisant appel à la vigilance et au civisme des citoyens. « Notre opération GE_veille, lancée en novembre 2012, vise à sensibiliser la population à cette problématique, déclare Eric Grandjean. Nous l’informons et la conseillons afin qu’elle acquière les bons réflexes. » Cette campagne comprend entre autres l’envoi d’une newsletter d’information mensuelle, la distribution d’affichettes et de flyers, et l’organisation de réunions d’information dans les quartiers et villages.
Même approche dans le canton de Vaud qui, en 2012, a élargi et renforcé le concept

PoPul qui existe depuis 1992. L’ambition de ce programme est de prévenir les actes criminels en renforçant la collaboration entre la police et la population, tout en respectant la vie privée de chacun. L’objectif est que chaque citoyen apprenne à détecter les situations à risques, à adopter les réflexes lui assurant une meilleure sécurité, à se pré-munir contre de possibles actes malveillants et signale tout fait suspect à la police. « Il ne s’agit pas de transformer le citoyen en policier, ni de l’encourager à faire de la délation, souligne Pierre-Olivier Gaudard, mais de favoriser une meilleure solidarité entre voisins et de promouvoir l’engagement civique de chacun. » Avant d’ajouter : « Surtout n’hésitez pas à nous appeler quand vous observez un mouvement suspect. Vous ne nous dérangez jamais ! »

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