Mexique : Réactiver l’agriculture mexicaine

Sin maíz no hay país ! C’est sur ce mot d’ordre que de nombreuses organisations sociales et paysannes mexicaines poursuivent depuis quatre ans déjà une campagne nationale de défense de la souveraineté alimentaire et de réactivation de l’agriculture nationale.

A lui seul, ce slogan Sans maïs, il n’y a pas de pays résume parfaitement la situation dans laquelle risque de se trouver à court ou moyen terme le Mexique. Un pays où le maïs blanc, semé sur le tiers des terres agricoles, est la culture qui prédomine et constitue l’élément de base du régime alimentaire de ses habitants.
Cependant, la production annuelle de 24 millions de tonnes ne permet pas au Mexique de répondre à la demande. D’où une forte augmentation ces dernières années des achats à l’extérieur, qui atteignent actuellement plus de 10 millions de tonnes de maïs, jaune principalement. Et la tendance est encore plus marquée pour les autres céréales et les plantes oléagineuses. De sorte que le Mexique importe déjà plus de 45% des aliments qui sont consommés dans le pays, les trois quarts provenant des Etats-Unis. Ce qui signifie qu’il n’est déjà plus autosuffisant et qu’il connaît une dépendance alimentaire croissante.

Et pourtant, ce ne sont pas les terres qui manquent dans ce pays où sont cultivés plus de 22 millions d’hectares. Néanmoins, il existe de graves problèmes que le gouvernement n’a toujours pas pu ou voulu résoudre. En grande partie parce qu’en accordant la priorité aux importations, il n’a pas vu la nécessité de promouvoir une politique qui permette d’augmenter la production.

Le Mexique n’est déjà plus autosuffisant et il connaît une dépendance alimentaire croissante.

Par ailleurs, le Mexique n’a pas réussi à surmonter la polarisation entre les moyens et grands producteurs commerciaux et les millions de petits paysans qui vivent d’une agriculture de subsistance, sans accès au crédit et à la technologie, pas plus qu’aux programmes gouvernementaux visant à augmenter une productivité bien inférieure à celle de son grand voisin. Alors que les Etats-Unis produisent entre neuf et douze tonnes de maïs par hectare, le Mexique en produit à peine trois ! En plus, le campo mexicain est sous-exploité. Selon le dernier recensement de 2007, quatre hectares de terres agricoles sur dix étaient improductifs. Et des 5,5 millions d’exploitations que compte le pays, le quart d’entre elles ne produisaient rien. En plus, trois quarts de celles qui étaient actives enregistraient des pertes dues à des problèmes provoqués par… le changement de climat !

En effet, le réchauffement climatique a des effets toujours plus graves sur l’agriculture mexicaine, qui connaît désormais des pluies diluviennes suivies de longues sécheresses. Ces conditions extrêmes influent directement sur la production d’aliments destinés à la consommation interne. Sans parler de la désertification de grandes étendues de terres due principalement à la déforestation. Un phénomène qui réduit progressivement les superficies cultivables.

Tous ces problèmes expliquent l’exode rural et surtout l’émigration des petits paysans vers les Etats-Unis. D’où un abandon progressif des zones agricoles dans lesquelles vit encore un quart de la population mexicaine. Soit quelque 26 millions de petits producteurs ou peones, dont la majorité est plongée dans la pauvreté. D’où la nécessité impérieuse de réactiver l’agriculture mexicaine.

Les spécialistes insistent sur le besoin urgent de mettre en place une politique d’Etat visant à fortifier la production et la compétitivité agricoles nationales, ainsi que de diversifier l’origine des achats d’aliments à l’extérieur. De trop vouloir miser sur les importations sans améliorer la compétitivité de la production alimentaire fait du Mexique un pays toujours plus vulnérable aux variations des prix sur les marchés internationaux.

Pour réduire les risques, un programme vise à une réduction des importations et à une augmentation de la capacité productive des agricultures. L’idée des OGM est lancée, ce qui suscite de fortes réactions parce que ces grains génétiquement modifiés sont capables de contaminer les très nombreuses variétés de maïs recensées au Mexique et dont ce pays est le berceau.