Marcher sur l’eau

L’artiste d’origine bulgare Christo et son épouse la Française Jeanne-Claude, décédée en 2009, sont à l’origine de l’un des événements artistiques les plus marquants de l’année 2016.

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Fabriqué avec 220 000 cubes en polyéthylène recouverts de plus de 100 000 m2 de tissu en nylon de couleur orange, les Floating Piers formaient un pont large de 16 mètres flottant en zigzag presque à même la surface du lac sur un parcours de 3 kilomètres. Ancrés au fond du lac, les cubes bougeaient légèrement avec le vent et cédaient presque imperceptiblement sous le poids des promeneurs, mais ce chemin flottant ne donnait pas une impression d’instabilité aux visiteurs. Comme c’est toujours le cas pour les oeuvres de Christo, l’accès aux Floating Piers était gratuit, et le parcours lui-même était libre de barrières, donnant la sensation aux visiteurs de pouvoir littéralement marcher sur l’eau. L’artiste estime à 18 millions d’euros le coût de cette installation, entièrement financé par ses propres ventes de dessins et de collages. Il a toujours refusé la participation de sponsors. Les 1000 personnes qui ont travaillé sur le projet ont toutes reçu un modeste salaire, et l’artiste a également défrayé la région pour l’aide de la police et des
employés municipaux. Les matériaux utilisés pour l’oeuvre et en particulier les cubes en polyéthylène ont tous été recyclés.

OEuvre nomade

Christo et Jeanne-Claude ont toujours soigneusement évité de commenter les interprétationsde leurs oeuvres, préférant s’en tenir à la stricte réalité matérielle ou juridique. Christo le dit : « Toutes les interprétations sont possibles. » Une oeuvre comme les Floating Piers peut bien entendu faire référence à l’idée biblique de l’homme qui marche sur l’eau, ou se vivre simplement comme une façon inédite de voir le lac d’Iseo et son beau paysage de montagnes. Si le principe de l’oeuvre date bien de 1970, Christo avoue que c’est plus tard qu’il a choisi le lac d’Iseo. « C’est un lieu qui m’inspire, explique-t-il. L’eau du lac, ces paysages et villages font tous partie des Floating Piers. L’aspect éphémère de l’oeuvre est très important, le projet a bien une qualité nomade, et c’est pour cela, qu’après seize jours, il a été définitivement démantelé. » ■