Lorsque le travail devient nomade

La façon de travailler a changé. Avec le temps, moins d’entreprises disposent de bureaux fixes et de plus en plus de travailleurs utilisent des structures de coworking. Un concept qui a la cote en Suisse depuis quelques années.

On partageait nos trajets en voiture, nos logements ou encore nos compétences. Et désormais également nos bureaux. Depuis quelques années, le phénomène de coworking s’étend en Suisse. Si en 2014, le pays comptait 30 espaces de travail partagés, il en possède désormais une cinquantaine, soit environ 1 000 places de travail.

Né dans la Sillicon Valley, aux Etats-Unis, en 2005, le coworking arrive en Suisse en 2007 à Zurich. S’inscrivant dans le concept d’économie de partage, cette méthode vise à mettre en location des places de travail agencées et prêtes à être utilisées dans des locaux partagés par des travailleurs divers.

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Espaces de coworking. De plus en plus de travailleurs se servent d’espace de travail partagés, tant pour des raisons financières que sociales.

Raisons économiques…

La Suisse romande compte une vingtaine de ces espaces. L’attrait pour ce type de structure s’explique avant tout par des raisons financières. «Combien coûte une place de travail pour un employé dans une entreprise ? Très peu de sociétés maîtrisent réellement ce coût global et encore moins sur le moyen terme, relève Philippe Jost, manager de l’espace de coworking Nomadspace à Genève. Et lorsqu’on arrive à effectuer ces calculs, on est généralement surpris, car le prix d’un poste de travail est souvent très important.»

Un prix que tous les entrepreneurs ne peuvent pas forcément se permettre. Laëtitia Berthoud par exemple, fondatrice d’Etyka Agency, a souscrit à un forfait de dix demi-journées de location de place de travail à Nomadspace. Le reste du temps, c’est depuis son domicile qu’elle travaille. «Récemment, une cliente m’a proposé de reprendre son arcade aux Eaux-Vives. Cela me serait revenu à 2 000 francs par mois, soit 10 fois plus que ce que je paie actuellement», s’exclame-t-elle.

Du côté des propriétaires immobiliers, le coworking s’impose également comme une option intéressante, puisqu’il permet d’occuper des locaux vacants. Depuis cette année, SPG Intercity, à Genève, est l’une des premières structures immobilières à offrir ce type de service à ses clients. «En raison de la conjoncture, les espaces de travail partagés offrent une alternative aux propriétaires qui disposent de locaux inoccupés, souligne Caroline Rieben, consultante de l’entreprise. Nous nous posons alors en intermédiaire leur permettant de trouver des clients qui recherchent un espace de coworking.» Au sein de la société immobilière, on constate d’ailleurs que la tendance actuelle va vers une diminution du nombre de places de travail au sein des entreprises.

… et sociales

Outre l’aspect financier, ce système est l’occasion d’étendre son réseau. «Pour certaines petites structures, le coworking permet également de rencontrer des personnes d’autres secteurs, remarque Philippe Jost. Il s’agit d’une mise en réseau très importante.» Des contacts qui peuvent s’avérer utiles pour l’activité professionnelle de ces travailleurs.

Sans oublier le lien social. «On remarque que certains employés, notamment de sociétés internationales, se sentent relativement seuls dans leur entreprise car, obligés de se déplacer régulièrement, ils ne possèdent pas de lien avec la région dans laquelle ils se trouvent, ajoute le manager de Nomadspace. Le coworking permet alors de faire des connaissances.» Un avis que partage Laëtitia Berthoud : «Travailler tout le temps depuis la maison peut parfois s’avérer long, relève-t-elle. Ce type de structure m’offre une forme de synergie avec les autres entrepreneurs. Non pas professionnelle, car je dispose déjà de mon réseau. Mais cela me permet de rencontrer, discuter, partager avec ces personnes qui deviennent alors une source d’inspiration.»

Coworking. Il permet de rencontrer, discuter, partager avec d’autres professionnels de secteurs différents.

Pluriel

Car les «nomades» qui occupent ces espaces partagés sont divers. Difficile d’ailleurs d’en définir un portrait-robot. « Nous avons de tout, indique Philippe Jost. De la multinationale, à la PME locale, en passant par la start-up ou l’indépendant.» Plus qu’un lieu de travail, ce type de structure offre une flexibilité pour ses utilisateurs. «La façon de travailler a changé. Nous sommes désormais plus mobiles, alors autant payer ce qu’on utilise vraiment.» De l’heure à l’année, le type de contrat varie selon les besoins de chacun.

Et si la tendance se veut croissante, difficile pour autant de parler de concurrence entre les espaces de coworking en Suisse. «En finalité, cela reste de l’immobilier, conclut Philippe Jost C’est la localisation qui est importante. Une personne viendra dans tel espace car il sera le plus pratique pour lui.»

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