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L’Europe au secours de ses sites menacés

Engagée depuis cinquante ans dans la sauvegarde du patrimoine culturel du Vieux Continent, l’association Europa Nostra publie chaque année une liste des sept sites les plus menacés.

Lancé en 2013, le programme «Les 7 sites les plus menacés» a été mis sur pied par Europa Nostra, la principale fédération européenne des ONG du patrimoine, en partenariat avec la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et la Banque de Développement du Conseil de l’Europe. Il s’inspire d’un projet similaire mené avec succès par l’organisme américain pour la sauvegarde du patrimoine, le National Trust for Historic Pre-servation. Les objets prioritaires sont définis par le conseil d’administration d’Europa Nostra sur les 14 présélectionnés par un panel consultatif international, qui comprend des spécialistes de l’histoire, de l’archéologie, de l’architecture, de la préservation du patrimoine et du financement. Une fois cette liste finale publiée, les délégations d’Europa Nostra et de l’Institut BEI visitent chacune des sites avec les organismes qui en ont proposé la candidature. Des équipes pluridisciplinaires procèdent alors à leur étude et participent à la mise au point de solutions viables, en collaboration étroite avec les organismes publics et privés, nationaux et locaux. Inscrits sur la liste 2016, les biens ci-dessous sont gravement menacés, que ce soit par manque de ressources ou de compétences, parce qu’ils sont à l’abandon ou qu’ils ne font pas l’objet d’une planification adéquate. En 2016, aucun site suisse ne figure sur cette liste.

Site archéologique de Ererouyk, Arménie

Occupant un plateau isolé proche de la frontière turque, Ererouyk était autrefois l’un des plus grands et des plus importants centres de culte de la région. Principale construction du site, qui comprenait des bâtiments religieux et des habitations, la basilique à triple nef édifiée au VIe siècle fait partie des plus anciens monuments chrétiens d’Arménie. Son toit s’est effondré avant le XVIIIe siècle et l’édifice a été fortement endommagé par plusieurs tremblements de terre dont celui, particulièrement destructeur, de 1988. Malgré des travaux de restauration entrepris au cours des deux dernières décennies, la basilique reste fortement menacée.

Couvent de Saint-Antoine de Padoue, Estrémadure, Espagne

Fondé par décret papal à la fin du XVe siècle, rénové et agrandi au milieu du XVIIe, le couvent franciscain de Saint-Antoine de Padoue, situé dans le village de Garrovillas d’Alconétar, dans la province de Caceres, a été durant des siècles un marqueur religieux et culturel de premier plan. Malgré sa longue histoire et la richesse de son héritage, qui comprend des dolmens préhistoriques, des sites archéologiques remontant à l’âge du bronze, des ruines romaines et des bâtiments civils et religieux du XVe au XVIIe siècle, le village est à peine connu aujourd’hui. Bien qu’il ait été classé monument d’intérêt culturel en 1991, le couvent est dans un état de désolation avancé.

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Estrémadure, Espagne. Couvent de Saint-Antoine.

Pont Colbert, Dieppe, France

Edifié en même temps que la tour Eiffel et utilisant les mêmes techniques de construction et matériaux, le pont Colbert est le dernier pont tournant en service en Europe à être doté de son système de pression hydraulique d’origine. Inauguré en 1889, il est également le plus long de ce type avec une chaussée de 70,5 mètres. La cabine de commande, dessinée par l’architecte Jean Prouvé, est un complément élégant à la caractéristique silhouette du pont et présente un intérêt aussi bien du point de vue historique qu’esthétique. Traversé chaque jour par 12 000 véhicules et 1 800 piétons, le pont Colbert est aujourd’hui l’unique lien entre le centre historique de Dieppe et le quartier portuaire du Pollet. Malgré l’importance de cet héritage industriel, le Syndicat mixte du port, qui possède le pont et en assume la responsabilité administrative, n’a assuré qu’une maintenance minimale. Il en résulte une certaine détérioration même si les dégâts ne sont pas irréparables, d’après une étude de la SNCF.

Le couvent est dans un état de désolation avancé.

Kampos de Chios, île de Chios, Grèce

Située sur l’île de Chios, Kampos de Chios est une zone semi-rurale où coexistent des influences et des styles architecturaux byzantins, gênois et locaux remontant au XIVe siècle. Se trouvant sur une plaine fertile le long de la côte, celle-ci est principalement constituée de 200 domaines qui abritent des manoirs, des églises et des vergers. Le tissu urbain existant inclut des bâtiments historiques des XIVe aux XVIIIe siècles aussi bien que des bâtiments de style néoclassique du début du XXe siècle. Construit en pierre locale, l’ensemble est d’une beauté exceptionnelle. Il est cependant menacé par l’incurie des propriétaires actuels, ainsi que par des usages inappropriés.

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Île de Chios, Grèce. Kampos de Chios.

Ancienne cité de Hasankeyf et environs, Turquie

Etablie il y a 12 000 ans sur les rives du Tigre, dans le sud-est du pays, non loin de la frontière avec la Syrie, l’ancienne cité de Hasankeyf a accueilli pratiquement toutes les civilisations majeures de la Mésopotamie. Des cavernes néolithiques aux ruines romaines, en passant par les monuments médiévaux, Hasankeyf est un véritable musée à ciel ouvert. La plupart des vestiges archéologiques visibles aujourd’hui datent du XIIe au XVe siècle. L’ancienne cité et ses environs, pourtant classés comme un site archéologique de premier plan, sont menacés d’être noyés sous les eaux par le barrage hydroélectrique d’Ilisu, qui doit être mis en service prochainement.

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Forteresse maritime de Patarei, Tallinn, Estonie

Située sur la côte de Tallinn, la forteresse maritime de Patarei est le plus grand et le plus impressionnant ensemble de défense de style classique du pays. Sa construction, qui a démarré en 1829 sur ordre du tsar Nicolas I, a été achevée en 1840. S’étendant sur plus de 4 hectares, le complexe a eu plusieurs fonctions, reflétant l’histoire riche et mouvementée de l’Estonie. Converti en prison entre 1920 et 2005, il est devenu un symbole de la résistance nationale aux régimes communiste et nazi. Restés vides durant plus d’une décennie, les bâtiments ont souffert de nombreux actes de vandalisme. La menace la plus forte pesant sur l’ensemble reste la détérioration due à un climat rude et au manque d’entretien.

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