Le feu sacré
En 1997, notre père Thierry Barbier-Mueller fondait la revue IMMORAMA. Il marchait en cela dans le sillage de Jean Paul, notre grand-père, qui avait créé, vingt ans auparavant, le magazine L’INFORMATION IMMOBILIÈRE.
Ce dernier, initialement pensé comme un support de diffusion pour les objets à vendre et à louer de la Société Privée de Gérance, est devenu au fil du temps une publication de grande qualité rédactionnelle, qui a pu compter pendant de nombreuses années sur des signatures telles que Jean-François Revel, Jean Dutour, Nicolas Bouvier ou encore Éric-Emmanuel Schmitt. Dans l’esprit de son créateur, IMMORAMA devait poursuivre la même finalité auprès du grand public : réfléchir et faire réfléchir, avec de la curiosité et de l’intelligence chevillées à chaque page.
Le premier métier de Thierry Barbier-Mueller n’était pas celui d’éditeur. Mais cette voie professionnelle parallèle, dans laquelle il s’était engagé avec passion, témoignait de l’univers fertile de ses réflexions et du vaste horizon de ses voyages intellectuels. Il lisait absolument tout, dans toutes les langues, était abonné à un nombre incalculable de quotidiens, de revues et de newsletters qu’il aimait partager avec les personnes qui l’entouraient, friand d’initier et de nourrir des débats, et de provoquer des échanges enrichissants. Des ratés de l’urbanisme aux dérives de l’économie, en passant par le monde fascinant du paysagisme et des jardins, il se laissait passionner par les sujets les plus divers. Et si l’échange d’arguments l’animait, la pensée unique et les certitudes l’agaçaient profondément.
Si tu penses comme moi, tu es mon frère. Si tu ne penses pas comme moi, tu es deux fois mon frère, car tu m'ouvres un autre monde.
Ouvert à toutes les idées, Thierry Barbier-Mueller avait ses opinions, mais il savait écouter celles des autres. Cette dimension d’esprit, cette pensée libre, cette dynamique de la discussion, il voulait les retrouver dans ses publications. En cela, il vouait un amour inconditionnel à la presse papier, même s’il trouvait dans les formats numériques de quoi satisfaire son appétit insatiable d’humaniste. Thierry Barbier-Mueller écrivait aussi, dans un style caractéristique: vif, éclairé et éclairant. Un plaisir du verbe qu’il renouvelait à chaque édition d’IMMORAMA, dont il signait l’éditorial. Il n’est plus là pour le faire. Continuons, en sa mémoire, cette noble aventure.