Interview de Luc Barthassat
Responsabiliser plutôt que réprimer et taxer.
– La volonté de s’inscrire dans le développement durable vise-t-elle avant tout un objectif politique et économique, ou pense-t-on vraiment au bien-être des habitants ?
Luc Barthassat – La qualité de vie – son maintien d’abord et son développement ensuite – est au cœur de mon action politique. Genève est un canton en pleine mutation qui connaît une croissance démographique importante… Ce développement ne doit pas se faire au détriment du bien-être de la population, notamment en termes d’environnement. Les habitants doivent pouvoir évoluer dans un cadre de vie riche et agréable et se nourrir de produits locaux de qualité. L’un des axes forts de mon action est d’offrir à la population une nature belle et accessible, soit en invitant les habitants à sa rencontre, soit en amenant la nature en zones urbaines.
– La ville écologique de demain est-elle une utopie ?
– La ville écologique n’est pas une utopie, dans les nouveaux quartiers notamment. Elle s’alimente avec de l’énergie propre et se bâtit avec des matériaux recyclés ou nobles comme le bois. Le bois est une ressource locale et renouvelable encore peu utilisée dans la construction à Genève. J’essaie de valoriser cette filière. Lorsqu’on réalise que l’activité d’un seul bûcheron alimente une dizaine de postes de travail dans l’industrie de transformation du bois, on réalise le dynamisme de ce secteur et son potentiel de développement. Au niveau des transports, j’insiste pour que tous les nouveaux quartiers soient reliés au centre-ville de manière intelligente et efficiente. Cela implique des transports publics rapides, des espaces cyclables et piétons en site propre, ainsi que des moyens de transport à la pointe de la technologie. C’est le cas du trolleybus TOSA, récemment présenté à Berne, que nous souhaitons implanter sur une ligne à Genève. Ce bus articulé possède une batterie, sur son toit, qui se recharge en 15 secondes lorsque les passagers y descendent ou montent. Fini les lignes aériennes inesthétiques et l’alimentation au diesel, vive l’électromobilité !
– Les mentalités en Suisse vous semblent-elles mûres pour adopter des règles compatibles avec le développement durable? Jusqu’à quel point les gens feront-ils des efforts (surcoût, discipline d’usage, etc.) ?
– Aujourd’hui, je privilégie l’incitation et la responsabilisation individuelle plutôt que la répression et la taxation. Prenons l’exemple du recyclage des déchets : je suis convaincu
que la sensibilisation du grand public et des entreprises est plus efficace et moins coûteuse pour la collectivité que l’instauration d’une taxe poubelle. Cette dernière, telle que pratiquée par les autres cantons, favorise les modes d’élimination non conformes (incinération domestique, décharges sauvages) et entraîne une nette diminution de la qualité des matériaux triés. Elle implique par ailleurs l’instauration d’un système de contrôle et de répression complexe et onéreux. Notre objectif est d’arriver à un taux de 50 % de recyclage fin 2017, par une prise de conscience volontaire plutôt que par une pression sur le porte-monnaie des citoyens.