Interview d’Olivier Mayor
Notre rôle est de proposer le terreau fertile à la création artistique.
– De quelle manière, la place de l’art dans l’espace public a-t-elle évolué ces dernières années ?
Olivier Mayor – L’art dans l’espace public n’est pas une démarche nouvelle. Dès les années 60-70, beaucoup de commandes sont effectuées par les collectivités publiques. Aujourd’hui, on observe une augmentation des propositions due entre autres au fait que le pour-cent culturel se répand, même au niveau communal. Ce qui témoigne d’un désir d’art accru ! C’est réjouissant ! La participation est aussi une nouveauté : des démarches comme Les Nouveaux Commanditaires, qui font dialoguer l’artiste et les citoyens, ceux qui vont bénéficier de l’oeuvre, sont très appréciées aujourd’hui.
– Comment expliquer cette évolution ?
– A mon avis, la question centrale est celle de la médiation de l’art : amener l’art dans la sphère publique, le rendre accessible à tout un chacun, proposer une expérience artistique à ceux qui n’entrent pas dans les musées ou les galeries. Il faut montrer des oeuvres que les gens puissent s’approprier, comme le labyrinthe de Kerim Seiler actuellement sur la place du Château à Nyon. Les enfants l’utilisent pour jouer, ce qui ne peut se faire dans un musée. Le désir de créer des ponctuations inattendues dans la ville est aussi très fort. Ces nouveaux usages vont de pair avec les réflexions menées sur la mobilité douce.
– La Ville de Nyon a mis sur pied le Prix d’art intégré dans l’espace public ; quel est son rôle ?
– Son rôle premier est de permettre une sorte de redécouverte de la ville par le biais de l’oeuvre d’art puisque l’artiste peut choisir le site où il va proposer son oeuvre sur tout le domaine communal, ce qui est vraiment la spécificité de ce prix. Il y a à nouveau la question de la médiation avec l’importance de l’art dans la sphère publique. Puis, il y a aussi la volonté d’un soutien accru aux arts visuels dans une ville qui a des points forts – les festivals, les musées – mais qui n’a pas à ce jour une offre en art contemporain continue, pas de centre d’art ou de galerie spécifiquement consacrés aux arts visuels contemporains.
– Vous voulez faire de Nyon un pôle de référence cantonal dans le domaine artistique ?
– Nyon est déjà un pôle de référence cantonal, son offre culturelle comparée à sa taille est déjà très importante. Notre rôle est de proposer le terreau fertile à la création artistique. Ensuite, l’art appelle l’art un peu par inspiration mutuelle.
– On sait que l’art ne peut survivre sans soutien public, ce dernier est-il satisfaisant en ces temps de restrictions budgétaires ou doit-on en faire davantage ?
– L’art est le ciment de toute civilisation et l’oxygène de tout individu. C’est une réalité qu’il s’agit de rappeler sans cesse, notamment lorsque la nécessité d’économies nous pend au nez. L’erreur est de croire que c’est indolore, et il est souvent trop tard lorsqu’on s’en aperçoit. En période de « vaches grasses », un autre problème doit être géré, celui du nombre de convives qui augmente plus vite que le gâteau de subventions à distribuer. ■