Interview d’Emmanuel Ventura

– Lutter contre la déperdition d’énergie passe, entre autres, par la conformité à des labels. Ceux-ci peuvent-ils avoir des effets indésirés (par exemple étanchéité trop forte, sentiment d’aquarium, etc.) ?

Aujourd’hui, la mode est au label. Les écrivains de ces textes ont tout simplement oublié que l’homme était au centre de ces préoccupations. Ces mêmes écrivains, je les soupçonne et pense bien capables d’essayer de labelliser l’homme… Les labels, c’est juste une mode passagère.

– Comment concilier recherche d’économie d’énergie et recherche du beau ? Et comment arbitrer (patrimoine classé, panneaux solaires…) ?

Comment expliquer que les cathédrales, de très beaux ouvrages classés, soient, pendant les périodes caniculaires, les seuls bâtiments où il fasse bon vivre ? A l’époque, ils avaient du bon sens et un peu moins de règlements.

– La volonté de s’inscrire dans le développement durable vise-t-elle avant tout un objectif politique et économique, ou pense-t-on vraiment au bien-être des habitants ?

Il y a 50 ans, la volonté était à l’autonomie énergétique atomique et pour la mobilité le tout à la voiture. Aujourd’hui le tout énergétique est aux énergies renouvelables, et la mobilité aux transports communs… Le développement durable, c’est de ne pas changer de direction tous les 50 ans !

– La ville écologique de demain est-elle une utopie ?

La ville n’a rien à faire avec l’écologie. Laissons la ville à la ville, la campagne à la campagne. Ne compliquons pas. Allez-vous imaginer prochainement des campagnes urbaines ?

–Les mentalités en Suisse vous semblent-elles mûres pour adopter des règles de construction et un mode de vie compatibles avec le développement durable ? Jusqu’à quel point les gens feront-ils des efforts (surcoût, discipline d’usage, etc.) ?

Les règles, ce sont les hommes qui les écrivent. Qu’ils ne se plaignent pas d’appliquer maintenant certaines de leurs propres règles ! Je rêve pour ma part de supprimer la moitié des règlements !