Interview de Cornelis Neet

L’efficacité énergétique devient un véritable argument de vente.

Cornelis Neet, Directeur de la Direction générale de l’environnement (VD)

− En cas d’approbation de la nouvelle Loi sur l’énergie, quelles mesures d’accompagne-ment allez-vous mettre à la disposition des propriétaires ?

− Il faut différencier deux niveaux de mesures d’accompagnement. Il y a tout d’abord l’aspect financier, qui n’est pas directement lié à la loi. Le canton met déjà à disposition des propriétaires son programme courant de subventions. Celui-ci porte, entre autres, sur les rénovations au standard Minergie, les constructions ou les rénovations au standard Minergie P, ou la pose de capteurs solaires thermiques. A ces subsides vient ensuite se greffer le programme « 100 millions pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique » lancé en janvier 2012, dont plusieurs projets portent sur le domaine du bâtiment. Avec une enveloppe de 30 millions de francs, nous encourageons les propriétaires à mener des travaux d’isolation supérieurs aux normes fédérales, ou à remplacer leur chauffage électrique. Dans ce dernier cas, les aides peuvent atteindre 20 % des montants engagés. Il y a ensuite l’aspect législatif. Le projet de loi envisage, par exemple, l’obligation de remplacer les chauffages électriques. Mais le texte, en plus du délai fixé à 2030, prévoit de nombreuses dérogations. Si ce projet est accepté, nous accompagnerons donc les propriétaires concernés et leur proposerons des alternatives au remplacement de leur chauffage électrique, comme des travaux d’isolation conséquents ou le recours aux énergies renouvelables pour compenser leur consommation.

− L’obtention d’un label, d’un certificat est-il suffisant pour réduire la facture énergétique ?

− Les labels, à l’image de Minergie, garantissent effectivement une réduction considérable de la consommation, et l’utilisateur verra sa facture énergétique baisser. Le certificat, quant à lui, intervient à un autre niveau, à savoir l’incitation, puisqu’il s’agit du diagnostic d’un bâtiment, réalisé à un moment donné. Il pousse le propriétaire à assainir énergétique-ment son bien immobilier. Libre à lui de donner suite aux conseils formulés. Mais d’une manière générale, avec l’introduction du certificat, l’efficacité énergétique devient un véritable argument de vente. Il constitue donc aussi un bon outil d’évaluation des progrès en matière d’efficacité énergétique à l’échelle du canton. Mais la véritable réponse passe avant tout par la mise en place d’une politique énergétique cohérente et globale.

− Comment réduire la part des énergies fossiles pour augmenter celle des énergies renouvelables dans le bâtiment ?

− Les questions environnementales n’échappent pas aux règles de l’économie : si les cours du pétrole augmentent durablement, il est certain que de nombreux propriétaires y réfléchiront à deux fois au moment de construire ou de remplacer leur chaudière. Mais la régulation par le marché prend du temps, et les pouvoirs publics ont les moyens d’accélérer la tendance. C’est ce que nous faisons avec notre projet de loi. L’un des articles prescrit, par exemple, que les besoins en eau chaude sanitaire et en électricité des nouvelles constructions soient en partie couverts par des énergies renouvelables.

− Quel est le potentiel d’énergies renouvelables dans le canton de Vaud ?

− Il est difficile de donner des chiffres précis en termes de potentiels tant ils dépendent de nombreux facteurs, notamment le temps de réalisation des projets. Mais nous nous sommes fixés comme objectif que 17 % des besoins en énergie du canton de Vaud soient couverts par du renouvelable en 2020. Un chiffre que nous voulons faire passer à 25 % en 2035 et 30 % à l’horizon 2050, avec une contribution principale du photovoltaïque et de l’éolien.