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Interview d’Andreas Ladner

Il faut travailler sur la répartition des tâches et des responsabilités.

Andreas Ladner, Politologue, professeur à l'Institut de hautes études en administration publique (Idheap)

– Vous êtes un des auteurs d’une étude menée en 2016 par l’Idheap de l’Université de Lausanne sur les exécutifs communaux, qu’en est-il de la représentation des femmes en politique ?

– Selon cette étude, on constate que le nombre de femmes en politique stagne au-dessous de 30 %, ce qui est plutôt inquiétant si on vise une représentation égale entre hommes et femmes. On observe aussi que les femmes en politique sont sous-représentées au niveau local, et parfois même moins bien représentées qu’au niveau cantonal ou même national. Ceci est d’autant plus inquiétant, car l’accès à la politique locale est plus simple, les places sont plus nombreuses, les trajets sont plus courts et les communes sont souvent à la recherche de personnes prêtes à s’engager.

– Quels sont les freins ?

– C’est une question de répartition des tâches et de responsabilités. Au niveau de la formation, les hommes et les femmes sont plutôt égaux, toutefois les carrières restent différentes. Une fois dans la vie active, les hommes s’engagent plus dans leur carrière professionnelle et les femmes dans d’autres activités importantes liées à la famille, aux enfants, et c’est ce qui les freine dans d’autres domaines comme la politique ou l’économie. Si on veut opérer un changement, il faut travailler sur la répartition des tâches et des responsabilités aussi bien au niveau économique que familial. C’est l’organisation de notre mode de vie qui doit être repensée, autant au niveau du couple qu’au niveau de l’entreprise, avec des congés parentaux ou des temps partiels, ou de l’État, avec la création de crèches par exemple.

– Pensez-vous qu’au travers du langage, la féminisation des noms de métier, de rue, l’écriture inclusive, par exemple, il est possible de changer le regard sur la femme et sa place dans notre société ?

– Je ne suis pas linguiste, mais j’observe les tendances. La féminisation du langage n’est pas un mouvement récent, depuis trente ou quarante ans déjà cette direction est prise. Aujourd’hui, la sous-représentation des femmes au niveau politique et même dans le monde économique subsiste. L’expérience montre que ce n’est pas seulement en changeant le langage que la représentation des femmes s’améliore. Le problème existe, tout le monde en est conscient, mais par où devons-nous commencer pour le régler ? Je crois qu’il faut une réorganisation de la vie d’une manière plus globale.

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Société