Francis Kéré : architecte engagé
L’architecte burkinabé incarne la nouvelle génération d’architectes africains. Invité par JAU-NE, il livre sa vision de l’architecture.
« On considère souvent la terre comme un matériau de construction destiné aux pauvres. C’est pourquoi on lui préfère de coûteux matériaux importés qui sont le plus souvent utilisés d’une manière totalement inappropriée », lance Francis Kéré. Cet architecte burkinabé a monté un bureau d’architecture influent à Berlin. Il a remporté de nombreux prix prestigieux d’architecture et incarne la réussite africaine. Il reste toutefois fidèle à ses racines et s’engage dans des projets en lien avec son pays d’origine.
Pendant ses études déjà, il crée une association, Des briques pour l’école de Gando, une école primaire de son village. Sa première école, faite de terre, est terminée en 2001. Il obtient le prestigieux prix d’architecture Aga Khan. Dans chacun de ses projets, la communauté entière participe au développement du projet architectural. Ainsi, ils apprennent les techniques de construction et la manière de l’entretenir. Par la suite, il a développé de nombreuses autres réalisations dans son village natal de Gando.
New World
Invité dans le cadre de la Journée de l’architecture et de l’urbanisme JAU-NE à Neuchâtel en mai dernier, il a impressionné l’auditoire par sa présentation originale (disponible en ligne). Des conférenciers, architectes et urbanistes de renommée internationale se sont aussi exprimés sur le thème « New World ». En ce début de XXIe siècle, la discipline architecturale est à un tournant à la fois technique, idéologique et professionnel. D’un côté, les techniques continuent leur marche en avant et l’architecture est impactée par le développement du numérique ou les progrès les plus récents des matériaux. D’un autre côté, la recherche d’un développement plus juste et plus durable incite à questionner le bien-fondé de certaines innovations.
Francis Kéré s’inscrit dans ce développement plus juste et durable. « Mon objectif est de jeter un pont entre l’Afrique et l’Occident, où, finalement, bâtir selon des critères de durabilité se révèle être un point commun », précise Francis Kéré. Dans son projet de cour intérieure du Centre Noomdo, il inaugure en 2016 un orphelinat dans la localité de Youlou. Cette construction utilise des matériaux locaux. « J’utilise une terre incultivable pour créer des bâtiments où les gens se cultivent. »
Pour le futur, Francis Kéré espère donner l’exemple à de nombreux autres architectes africains : « J’ose espérer qu’il y aura bientôt autant d’architectes en Afrique qu’il y a de coureurs au Kenya. »
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