Le pouvoir des fleurs

Des roses qui se font la guerre, un chrysanthème devenu impérial, des tulipes qui provoquent une crise financière… Le langage des fleurs est aussi une histoire d’économie et de politique.

Content image
x
(DR)
L’ANGLETERRE ET LA ROSE

L’ANGLETERRE ET LA ROSE

Angleterre, 1455. Les maisons royales Lancastre et York revendiquent le trône. La guerre de succession s’interrompra trente ans plus tard avec la mort de Richard III, dernier roi d’York, sur le champ de bataille. Les belligérants ayant chacun la rose pour emblème – rouge pour Lancastre et blanc pour York – l’histoire baptisera guerre des Deux-Roses ce conflit dont Henry Tudor sortira vainqueur. Fondateur de la dynastie à qui il donne son nom, Henry VII épousera Élisabeth d’York et associera les symboles des deux familles, autrefois ennemies, dans un unique emblème : la rose Tudor, rouge à cœur blanc. Elle est aujourd’hui encore la fleur symbolique de l’Angleterre.

Content image
x
(DR)
LA SUISSE ET L’EDELWEISS

LA SUISSE ET L’EDELWEISS

« Une fleur pelucheuse d’une couleur rappelant celle des cendres de mauvais cigare. » C’est ainsi que l’écrivain américain Mark Twain décrivait l’edelweiss « la laide favorite des Suisses ». Ce qui n’a pas empêché son accès au statut de fleur symbole de notre pays. Lequel coïncide avec l’engouement touristique pour les Alpes au XIXe siècle. On la dit alors inaccessible, ne poussant que sur les glaciers et les rochers les plus escarpés. Un mythe tenace, mais qui façonnera la légende de l’edelweiss. Jugée trop kitsch, la fleur perd de son attrait au cours du XXe siècle. Elle revient à la mode dans les années 90 où elle est désormais associée à la nature et à la beauté de la Suisse.

Content image
x
(DR)
L’INDE ET LE LOTUS SACRÉ

L’INDE ET LE LOTUS SACRÉ

On associe volontiers le lotus à la Chine, où il appartient à la tradition culinaire et à la poésie pour symboliser la pureté et l’élégance. Mais c’est l’Inde, pays de naissance du bouddhisme, qui en a fait sa fleur officielle. Bouddhisme qui fera du lotus l’emblème indissociable de son enseignement. Seule plante aquatique qui fleurit hors de l’eau en poussant dans la vase, elle représente ainsi cette légèreté dont est capable Bouddha « reposant comme un chat au-dessus du sol ». Très présent dans la cosmologie hindoue (Brahma, le dieu des dieux, serait né d’un lotus), la fleur inspire également, et depuis longtemps, l’architecture indienne.

Content image
x
(DR)
LES PAYS-BAS ET LA TULIPE

LES PAYS-BAS ET LA TULIPE

On vous dit Pays-Bas ? Vous pensez tout de suite moulin, gouda et forcément, tulipe. La fleur vient pourtant de Turquie. Elle a été introduite au cours du XVIe siècle au Nederland par le botaniste français Charles de L’Écluse. Riche en sable et en argile, la terre y est propice à sa culture. La variété des couleurs de la tulipe fascine rapidement une population bourgeoise qui s’est enrichie grâce au commerce maritime. Les espèces les plus rares deviennent des articles de luxe. Dès 1636, la tulipomanie fait grimper les prix de manière extravagante. Certains bulbes s’envolent jusqu’à atteindre plusieurs dizaines de fois le salaire annuel d’un artisan. Avant que le marché s’effondre en 1637, créant dans la foulée la première bulle spéculative de l’histoire.

Content image
x
(DR)
LE JAPON ET LE CHRYSANTHÈME

LE JAPON ET LE CHRYSANTHÈME

En Occident, il participe au deuil. Contrairement au Japon, où le chrysanthème est associé à la longévité et à l’immortalité depuis que l’empereur Go-Toba (1180-1239) s’est pris d’affection pour cette fleur venue de Chine. Non seulement pour ses propriétés médicinales, mais aussi pour sa corolle en forme de soleil que le gouvernement impérial compare à Amaterasu, la déesse solaire. Le chrysanthème à seize pétales devient ainsi l’emblème de l’empereur et de son trône. Fleur officielle du pouvoir depuis le XIXe siècle, son usage sera dès lors strictement réglementé jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Toujours en vigueur, l’Ordre du Chrysanthème, plus haute distinction japonaise, est décerné aux membres de la famille impériale, mais aussi, parfois, à des souverains étrangers.