Bristol, une capitale verte en devenir

La première ville du sud-ouest de l’Angleterre est aussi connue pour ses embouteillages que pour ses initiatives écologistes. Bristol mise sur son titre éphémère de « capitale verte de l’Europe 2015 » pour effectuer un bond environnemental.

Bristol, ville verte ? En juin 2013, quand la ville a été choisie comme « capitale verte de l’Europe pour 2015 », l’annonce a suscité des sarcasmes. La même année, la huitième ville du Royaume-Uni avait décroché un autre titre, beaucoup moins convoité : celui de la deuxième ville la plus embouteillée du pays, après Belfast*. Pour une cité d’un demi-million d’habitants, cette couronne est lourde à porter. Pour une métropole qui voudrait servir de modèle écolo au niveau national et européen, cette distinction est encore plus embarrassante.

Les petits projets à l’honneur

Depuis, Bristol a fait des progrès. Dans le classement des villes polluées, elle est passée au sixième rang au niveau national. Malgré tout, en matière de transports, elle a beaucoup
de retard à rattraper sur Copenhague, « capitale verte de l’Europe 2014 ». Près de 40 % des habitants de la capitale danoise se rendent au travail à vélo, contre moins de 8 % à Bristol. Alice-Marie Archer du Bristol Fish Project estime que la sixième ville d’Angleterre mérite quand même son statut de « capitale verte de l’Europe ». « Bristol se démarque de Copenhague par le soutien que la Ville apporte aux initiatives environnementales portées par des bénévoles », précise la doctorante à l’origine d’un projet qui mêle élevage de poissons et culture de légumes. The Bristol Fish Project est l’une des 189 organisations à avoir reçu une subvention de la Ville dans le cadre de « Bristol ville européenne 2015 ». En tout, la municipalité a distribué 2 millions de livres à ces petites organisations.

La municipalité a aussi à cœur de susciter et de soutenir les initiatives environnementales dans le secteur privé.

Une ville en pointe dans le domaine énergétique

Les habitants de Bristol profitent aussi directement du statut de « capitale verte de l’Europe » de leur ville. En janvier, la mairie a lancé un vaste programme d’isolation thermique des logements privés. Warm up Bristol est soutenu par le gouvernement britannique et EDF Energy. L’objectif est d’améliorer l’isolation de 20 000 constructions en quatre ans, sur un total de 190 000 résidences, et de réduire de 40 % les émissions de CO2 de la ville d’ici à 2020 (par rapport à 2010). La municipalité, dirigée par le très dynamique George Ferguson, a aussi pour ambition de devenir un acteur à part entière sur le marché de l’énergie avec le lancement de Bristol Energy. « L’idée de créer un établissement public remonte à 2010 », explique Bill Edrich, le responsable des activités commerciales de la municipalité de Bristol dans le secteur de l’énergie. Le projet, soutenu par la Banque européenne d’investissement, s’inscrit dans le cadre de l’investissement de 140 millions de livres dans les énergies renouvelables au niveau local. Cette initiative a pesé dans l’attribution par l’Union européenne du statut de « capitale verte de l’Europe » à Bristol. Via Bristol Energy, la ville espère offrir une énergie à un coût abordable à ses habitants.

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Une « méthode Bristol »

Dans le domaine de la production d’énergies vertes, les hôpitaux de la ville sont à l’avant-garde. L’hôpital St. Michael’s n’a pas attendu Bristol 2015 pour placer des panneaux solaires sur son toit. Ces panneaux devraient générer 42 000 kWh d’énergie par an. C’est l’une des mesures mises en place par les établissements hospitaliers de Bristol
pour réduire de 5 % leurs émissions de CO2 chaque année. La municipalité a à cœur de susciter et de soutenir les initiatives de ce genre dans le secteur privé. C’est la raison d’être de Go Green. Cette structure a pour but d’impliquer au maximum les entreprises privées dans la dynamique créée par Bristol 2015. Une première étape a déjà été franchie : plus de 200 entreprises de la région de Bristol ont mis en place un plan d’action écologique dans le cadre de Go Green. « Soutenir ces entreprises dans leur démarche verte en leur apportant des conseils est le moyen le plus efficace de prolonger les bénéfices de notre statut éphémère de capitale verte », estime Amy Robinson, dont la mission est de coordonner ce réseau d’entreprises. Établir des partenariats environnementaux avec les entreprises, les écoles, les quartiers de la ville, etc. : les dirigeants de Bristol appellent ça la « méthode Bristol ». Cette méthode, la Ville l’a mise en place au cours des dix dernières années. A l’occasion de Bristol 2015, la municipalité a décidé de partager son savoir faire via Internet** pour la bonne cause et pour prouver qu’elle n’a pas usurpé son titre européen.

*www.roadtraffic-technology.com/news/newsbelfast-bristol-mostcongested-uk-cities
** www.bristol2015.co.uk/method

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Bristol. George Ferguson est le premier maire de l’histoire de la ville.

Ferguson veut faire de Bristol un « laboratoire du changement »

En élisant George Ferguson, les habitants de Bristol ne se sont pas seulement choisi un maire : ils se sont choisi un ambassadeur. Architecte de formation et entrepreneur, ce sexagénaire restera probablement dans l’histoire de la ville, et pas seulement parce qu’il est le premier maire de l’histoire de la sixième ville d’Angleterre et qu’il ne porte que des pantalons rouges. Elu sans étiquette en novembre 2012, Ferguson veut faire de Bristol « un laboratoire du changement ». Le nouveau maire est notamment déterminé à lutter contre la pollution automobile, dans la joie et la bonne humeur. Il a instauré « Make Sunday special » (« Faites que votre dimanche soit spécial ») en s’inspirant de ce que font Bogotá en Colombie et Bordeaux en France. Entre mai et septembre, chaque premier dimanche du mois, le centre de Bristol est fermé aux voitures et la rue appartient aux musiciens, aux artistes, aux commerçants ambulants et aux habitants de la ville. Une manière comme une autre d’inspirer le changement.