Californie : S’adapter aux nouvelles données climatiques
Grâce à son climat ensoleillé, la Californie est le premier Etat agricole des Etats-Unis et contribue largement à nourrir les Américains avec tous ses fruits et légumes – venus de la Central Valley, une plaine fertile longeant la Sierra Nevada où coulent les rivières Sacramento et San Joaquin.
L’agriculture californienne est très diversifiée : on y trouve tous les agrumes (citrons, pamplemousses) ainsi que des avocats, des melons, des fraises, des salades et les fameuses amandes ; du riz, du maïs, des pommes de terre et du coton. Et la viticulture, centrée dans la Napa Valley au nord de San Francisco, est un des secteurs florissants de l’économie californienne, avec un chiffre d’affaires de 16,5 milliards de dollars pour 20 milliards de litres, représentant 90% de la production américaine de vin.
Les nouveaux farmers’ markets
C’est la distribution des primeurs qui a le plus évolué récemment, avec la vogue des farmers’ markets. Les maraîchers offrent directement leurs récoltes aux consommateurs. On y trouve une quantité de légumes nouveaux (pour des Européens), cultivés par des agriculteurs asiatiques. Un vrai délice ! Grâce à leurs produits plus organiques (et sans pesticides), ces marchés des quatre-saisons court-circuitent la grande distribution et constituent un phénomène nouveau aux Etats-Unis, où même la First Lady Michelle Obama encourage à manger des légumes verts. Mais le grenier de l’Amérique connaît des problèmes, avec l’apparition des organismes génétiquement modifiés ou OGM. En 2004, le comté de Mendocino, au nord de la Californie, a été le premier aux Etats-Unis à bannir la culture des OGM. D’autres comtés ont suivi. Les consommateurs ont été alertés et ont appris à lire attentive-ment la composition et l’origine des produits sur les étiquettes, mais une grande suspicion demeure dans le public.
Victoire contre les OGM
Le mouvement contre les OGM a connu une victoire en décembre 2010, quand un juge fédéral de San Francisco a ordonné la destruction immédiate de récoltes de bette-raves sucrières génétiquement modifiées, en réponse à une plainte déposée par les associations Earthjustice et Center for Food Safety, au nom d’une coalition d’agriculteurs et de groupes environnementalistes. Dans ce cas, c’est le Département américain de l’Agriculture (USDA) lui-même qui avait autorisé les graines plantées ! On dénote en la matière une absence de politique fédérale face aux OGM.
Pour les vignes – dont les plans ont été introduits en Californie au milieu du XIXe siècle par un Français d’origine bordelaise –, le véritable danger vient du réchauffement climatique. Selon une étude récente de l’Université de Stanford, on peut craindre, dans les trente prochaines années, une augmentation de près de quatre degrés (Celsius) de la température dans la Napa Valley et le comté de Santa Barbara, et des pointes caniculaires sur des raisins en pleine maturation sont susceptibles de diminuer de 50% la surface du vignoble. Car le pinot noir et le cabernet sauvignon ont besoin de températures clémentes, environ 20 degrés.
Le comté de Mendocino, au nord de la Californie, a été le premier aux Etats-Unis à bannir la culture des OGM.
Replanter les vignobles en altitude ?
Quels remèdes pour les viticulteurs ? Faut-il déménager les vignobles et les replanter en altitude pour y trouver des températures plus fraîches ? Ou bien passer à d’autres variétés plus tolérantes à la chaleur, mais qui risquent de produire un vin de moindre qualité ? « C’est risqué pour un viticulteur de prendre des décisions en fonction du changement climatique, car elles peuvent être coûteuses et le climat ne va peut-être pas changer comme prévu », relativise quand même Noah Diffenbaugh, le coauteur de l’étude, qui ajoute : « Mais il est tout autant risqué d’ignorer les changements climatiques. »