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Visite éclair à Zurich

Les 18 et 19 avril 2015, les filières architecture et architecture du paysage de l’Hepia ont mis à profit un financement de la SPG pour effectuer un voyage d’études à Zurich. Un quart de siècle après avoir attiré les médias internationaux par le spectacle apocalyptique de la scène ouverte de la drogue qui y prospérait, la cité des bords de la Limmat constitue aujourd’hui un modèle en termes de qualité de vie. Ce retournement doit beaucoup à l’adoption d’une politique sacrifiant les clivages idéologiques au profit d’une approche collaborative et pragmatique. L’architecture et l’urbanisme figurent parmi les domaines les plus représentatifs du vent nouveau qui souffle sur Zurich. Plusieurs quartiers ont fait l’objet de transformations considérables. Cependant, les modalités des interventions n’ont pas été les mêmes partout. En effet, après avoir identifié les zones au plus fort potentiel de développement, le Service de l’urbanisme a élaboré des lignes directrices pour chacune d’elles en fonction de leur situation, leur taille, la densité et la structure de leur bâti ou les activités qui s’y déroulent. Le programme des 18 et 19 avril s’est articulé autour de quatre de ces secteurs : Zürich-West et Letzi le premier jour, Leutschenbach et Oerlikon le lendemain.

Zürich-West et Letzi : deux manières d’intervenir au centre-ville

Si Zürich-West a vécu une transformation spectaculaire, tant architecturale et urbanistique qu’économique et sociale, Letzi reste substantiellement proche de ce qu’il était avant la crise. Populaire et largement dévolu au logement, ce quartier a cependant énormément gagné en qualité de vie. Cette amélioration est notamment due à l’ouverture d’un contournement, en 2009, pour que la liaison entre Bâle et Coire par l’autoroute A3 ne comprenne plus un transit par cette partie de Zurich. Afin d’accroître les effets bénéfiques de cette mesure, la Ville l’a accompagnée d’un plan de valorisation de l’espace public comprenant l’aménagement de places et la modération de la vitesse des véhicules. Avec la reconstruction du stade du Letzigrund pour le Championnat d’Europe de football 2008, le quartier a également été doté d’un bâtiment emblématique remarquable. Autre réalisation récente, le Hardaupark offre depuis 2011 un espace de verdure rapidement adopté par un très nombreux public. Et avec l’inauguration, en 2014, d’un bâtiment de 55 logements comprenant également bureaux, magasins, restaurants et cinéma, le tout avec 300 places pour des vélos et aucune pour les voitures, le tram s’arrêtant au pied de l’immeuble, un nouveau pas a été franchi dans l’exploration de concepts novateurs pour la ville de demain.

L’élément le plus impressionnant de ce projet est l’immense parc, doté d’un lac artificiel.

Le nord de Zurich : construire la ville au-delà des frontières communales

Quelques minutes de S-Bahn suffisent pour atteindre le Richti-Areal et le Glattpark depuis le centre de Zurich. L’efficacité de ce RER local, inauguré il y a vingt-cinq ans, permet de réaliser aujourd’hui d’importants ensembles en périphérie sans craindre qu’ils ne deviennent des ghettos. Le Richti-Areal se trouve entre la gare de Wallisellen et l’autoroute A1. Entre 2010 et 2014, un programme de près de 500 logements et 3 000 places de travail a été réalisé sur un terrain autrefois consacré à des activités industrielles. Le caractère urbain de l’intervention, par l’échelle des îlots, les arcades dont sont dotées les rues, les matériaux utilisés, anticipe la disparition de la frontière entre Zurich et les communes alentour. Ce thème se retrouve sur le site proche du Glattpark où une grande partie des bâtiments prévus pour loger 7 000 personnes et accueillir autant de places de travail sont terminés. L’élément le plus impressionnant de ce projet est l’immense parc, doté d’un lac artificiel de 550 mètres sur 41, dont le public peut profiter et qui offre au site une identité et une grande qualité de vie. Cette attention portée à l’espace et aux équipements publics imprègne également le développement des quartiers de Leutschenbach et d’Oerlikon. Dans le premier, la Ville a bâti une école spectaculaire dans un secteur a priori peu favorable à l’habitation. L’attractivité de cette réalisation a rejailli sur son environnement et enclenché une dynamique positive illustrée par la réalisation de nombreux logements par des coopératives d’habitation ainsi que différents investisseurs privés et publics. Quant à Oerlikon, ce fut le laboratoire, dans les années 1990, d’un dialogue entre responsables politiques et pouvoir économique afin de mettre en place les partenariats nécessaires pour dépasser les problèmes qui touchaient Zurich. De gigantesques espaces orphelins de leurs activités industrielles furent reconvertis en bureaux et en logements au travers d’opérations facilitées par les autorités en contrepartie d’engagements privés pour le financement d’un ensemble de parcs bénéficiant à la collectivité.