Vers un smart futur ?
Depuis maintenant vingt ans, le journal IMMORAMA traite, deux fois par année, de sujets en lien avec l’immobilier, l’aménagement du territoire et urbain, l’architecture, le patrimoine, l’énergie, l’environnement et la mobilité. Il nous a donc semblé évident de nous intéresser au concept de Smart City, une mutation majeure qui touche la plupart des villes du monde aujourd’hui. Mais de quoi s’agit-il ? Grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication mises en réseau, l’idée est de faciliter et d’améliorer la vie quotidienne des habitants des villes en proposant par exemple des déplacements simplifiés, d’économiser de l’énergie grâce à des capteurs installés dans les bâtiments (privés ou collectifs) ou d’interagir plus efficacement avec les autorités, son voisinage ou son environnement. Il s’agit là ni plus ni moins d’une réorganisation de la ville qui s’appuie non seulement sur ses habitants, aux besoins desquels il faut répondre mais aussi sur lesquels le système repose, puisque c’est eux qui fournissent les données nécessaires (big data, le « pétrole du XXIe siècle »). Dans ce tohu-bohu technologique, le citoyen prend paradoxalement une place centrale ; car c’est lui qui valide, ou pas, le déploiement de telle ou telle technologie, application ou plateforme, en fonction de ses usages. On ne peut que se réjouir alors de ce regain de pouvoir et de liberté octroyé aux citoyens-habitants. Comme le souligne un de nos intervenants, « ce sont les gens qui sont ‹ smart ›, pas vraiment les ‹ cities › ».
On peut aussi se demander si toutes ces avancées qui nous promettent un avenir sans gaspillage, hypersocial, facile, ouvert, ne seront pas demain nos pires ennemies. Le renouvellement rapide de ces appareils (smartphone par exemple) – ou logiciels – nous impose une grande agilité dans leur maîtrise, une hyper-connectivité et des investissements sans limites, sans oublier une certaine vigilance quant à l’utilisation de nos données. Vivre dans une sorte d’instabilité ou de mises à jour permanentes, de méfiance même, risque de rendre notre vie citadine « invivable ». Une partie de la population pourrait se lasser de cette overdose technologique ou n’accédera tout simplement pas à ces nouveaux développements. Veillons à ce que l’humain reste bien au coeur de cette mutation fascinante; le citoyen-habitant devrait toujours avoir le dernier mot.