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Vers une ville plus silencieuse

Après avoir combattu les nuisances sonores dans le bâti, les architectes et les acousticiens tentent désormais d’harmoniser les espaces extérieurs des immeubles.

Guy Nicollier, architecte chez Pont12 à Chavannes-près-Renens, en est convaincu : « La prise de conscience de l’environnement sonore est plus forte que jamais. Le but est d’améliorer la qualité de la vie en ville. On tend vers une vision quasiment holistique.

Lutter contre le bruit n’est pas une nouveauté. Ce qui a changé, c’est que l’on intègre désormais les espaces extérieurs dans cette recherche d’harmonie sonore. » Un constat partagé par Thomas Juguin, acousticien au sein du bureau genevois BATJ : « Les maîtres d’ouvrage nous font de plus en plus la demande de protéger les jardins ou les places de jeu du bruit environnant, c’est une nouvelle tendance. Il y a un très bel exemple de ce type de démarche, c’est le parc Gustave & Léonard Hentsch à Genève. Grâce à une butte, un système d’escaliers et un mur antibruit en brique, les nuisances du trafic routier sont totale-ment supprimées. Cela rend la vie des promeneurs bien plus agréable. »

Mobilité croissante

La mutation du paysage sonore peut également s’appuyer sur une évolution accélérée des technologies pour limiter le bruit ambiant. Mais la croissance des besoins en mobilité tend parfois à annuler ces améliorations, comme le souligne Thomas Juguin : « Le bruit ressemble à la lumière, il se propage partout. Les avions et les voitures sont certes plus silencieux, mais il y en a davantage donc on ne peut pas bénéficier de ces avancées. » Cependant, quelques solutions existent afin d’améliorer la qualité de vie des habitants. La pose d’une fontaine dans un espace extérieur permet d’opérer un masquage acoustique apprécié : on ne tue pas le bruit, on le supplante.

S’inspirer de la neige

La présence d’éléments végétaux imposants améliore aussi l’acoustique d’un lieu. La nature comme éponge des nuisances ? Une évidence pour Guy Nicollier : « Quand il a neigé, une ville est exceptionnellement silencieuse et apaisée, c’est l’exemple le plus spectaculaire de matière poreuse qui absorbe les sons. En plus des installations végétales, on jouera aussi avec les revêtements phonoabsorbants. » Et la facture finale ne s’en trouvera pas for-cément alourdie : « La plus grande économie se réalise à la conception du projet. Si c’est bien pensé dès le début, il n’y a pas de frais supplémentaires. Par contre, le résultat final est nette-ment plus agréable pour les citoyens. Ils revendiquent cette sérénité. » Comme quoi, il faut parfois faire beaucoup de bruit pour obtenir le silence.

 

Le bruit ressemble à la lumière. Il se propage partout. 

Zurich
Une guide pour chasser le bruit

Le guide de travail zurichois « Pour une qualité acoustique des espaces publics et résidentiels urbains » a pour vocation de dessiner les contours d’un aménagement urbain agréable à l’oreille. Il liste treize principes permettant d’améliorer la qualité de vie des habitants. Citons, notamment, le recours à une diversité de revêtements de sol, la segmentation des surfaces, l’optimisation de la qualité acoustique avec la pose d’objets massifs ou encore la végétalisation des surfaces murales. Il préconise également de multiplier les installations artistiques dans l’espace public. Ces dernières peuvent, par exemple, diffuser des sons électroniques pour couper les nuisances sonores. Grâce à une approche globale, cette publication de la ville de Zurich entend créer les conditions nécessaires pour un espace sonore cohérent et différencié. Cette démarche prouve surtout que, des deux côtés de la Sarine, cette problématique est plus que jamais d’actualité.

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