Une menace trop familière

On peut débattre à l’infini, dans des Parlements aux travées parfois dégarnies, des moyens d’économiser l’énergie ou de taxer les pollutions diverses, « scories de la prospérité », comme le disaient il y a quelques années encore les penseurs libéraux. On peut en avoir assez des ayatollahs verts dispensant des cours de morale à bon marché, ou des adeptes du bio extrême dont la mine terreuse ne semble pas toujours coïncider avec le caractère sain et salutaire des aliments qu’ils absorbent. Il n’en reste pas moins que la prise de conscience des réalités écologiques a touché la quasi-totalité des activités humaines et imprimé son sceau sur les politiques gouvernementales.

Certes, on trouve des citoyens américains qui (dé)règlent volontairement les moteurs de leur gros tout-terrain afin qu’ils dégagent la fumée la plus noire et épaisse possible, dans l’objectif de contester les mesures environnementales prises par le gouvernement Obama. Mais dans l’ensemble, chaque être humain doté de raison sait qu’on ne peut continuer à gaspiller de l’énergie, à produire des déchets et à épuiser les ressources naturelles. Le problème est qu’une bonne partie du mal est déjà faite et que – pour prendre une image qui avait défrayé la chronique à Genève voilà quelques années – « un bon coup de vent » ne suffira pas à « expédier la pollution ailleurs ».
La crise économique, la menace islamiste, le virus Ebola occupent nos médias et nous préoccupent. L’existence de « continents de plastique » ou la raréfaction de l’eau potable n’ont rien de « scoops » susceptibles d’évincer de nos petits écrans la dernière incartade d’un président volage ou de son ex-compagne. Pourtant, s’il est difficile de tracer des plans sur la comète en calculant combien de kilowatts il nous faudra dans trente ans, fermer les yeux aujourd’hui équivaut tout simplement à un suicide collectif. Un pronostic peut en tout cas être fait ici, sans aucun risque de démenti : le dossier que nous ouvrons aujourd’hui n’est pas près de se refermer.

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