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Tambour Battant Festival, musiques et cinémas d’Afrique

Voilà huit ans que « Tambour Battant » résonne dans la ville de Genève. Huit années que ce festival explore la culture africaine à travers la musique, la danse, le théâtre, les contes et… la mode ! Cette année, c’est aux racines de l’afro jazz qu’il nous amène, et le voyage promet de belles surprises.

Avant d’entrer pleinement dans l’hiver, la cité de Calvin fait grimper le mercure dans quelques lieux choisis. En huit années, le Tambour Battant Festival est devenu le rendez-vous annuel de la culture africaine. L’un de ses trois fondateurs, Alpha Dramé, préfère parler de rencontres et d’échanges intergénérationnels, de passerelles entre l’Afrique genevoise et celle du continent. Avant de le mettre sur pied, ce Guinéen homme politique genevois, l’a d’abord rêvé : « Comme beaucoup de Genevois, qui se disent Africains ou amoureux de l’Afrique, je ne trouvais rien dans ma ville à montrer aux migrants devenus genevois et à la génération de mes enfants pour faire découvrir mon histoire. Pourtant, il en existait déjà en Suisse : l’‹ Afro Pfingsten ›, une référence à l’échelle européenne, mais il se déroule à Winterthour. Difficile de comprendre que Genève, bien plus internationale et interculturelle, n’ait rien à proposer sur le sujet. En créant le Tambour Battant Festival, je souhaitais combler ce manque et amener l’Afrique à Genève. »
Ainsi, dès 2006, le rêve prend forme. L’Association Tambour Battant est créée, puis, dans la foulée, son festival démarre et se peaufine au fil du temps avec l’arrivée de Claire Tallia. La Ville de Genève a subventionné l’événement dès la première heure, avant d’être rejointe par d’autres partenaires, comme la SOCIÉTÉ PRIVÉE DE GÉRANCE. Chaque année, l’entre-prise genevoise soutient de nombreux projets culturels dont la création artistique africaine et l’artisanat. Elle n’a donc pas hésité à renouveler son soutien financier depuis cinq ans et à en faire la promotion auprès de ses clients, partenaires et collaborateurs.

Un festival en trois temps

Trois grands volets pour ce festival : le premier concerne la programmation artistique avec concerts et spectacles internationaux, ainsi qu’un tremplin musique ou danse, réservé en priorité aux jeunes artistes romands et de France voisine. Le deuxième volet concerne le cinéma avec projections et débats, et le troisième volet « Partage des savoirs » propose durant le festival stages, ateliers, expositions et débats ouverts à tous. Alpha Dramé tient tout particulièrement à ce volet pédagogique de découverte et de sensibilisation à la culture africaine, qui propose également, chaque année, sur une période de huit semaines en amont du festival, des ateliers en milieu scolaire en collaboration avec les enseignants. Ils permettent aux plus jeunes de découvrir les principaux instruments du registre africain, de suivre leur fabrication, de s’initier à leur pratique, mais aussi de connaître l’origine des chants et des danses. Outre ces ateliers musique et danse, des ateliers d’écriture rap sur des thèmes d’actualité tels le racisme, la violence, les droits de l’homme, le développement durable.
A ce jour, plus de 2000 enfants et adolescents ont participé à ces échanges finalisés par une présentation publique durant le festival. Depuis sa création, le festival propose le meilleur de la culture africaine avec des artistes de renommée internationale, ambassadeurs d’une Afrique positive, tels que les mythiques Touré Kunda, le Malien Sidi Touré, Dobet Gnahoré, le chorégraphe afro-contemporain Georges Momboye, Pie Tshibanda et son « Fou noir au pays des blancs », ou encore le conteur togolais Beno Sanvee… C’est l’occasion aussi d’écouter chanter le soninké, le wolof, le mandingue, le dioula sur des rythmes blues plus contemporains avec Pedro Kouyaté ou Kareyce Fotso. Les jeunes générations ne sont pas oubliées avec des groupes de soul, de rap ou du hip hop comme La MC Malcriado, Didier Awadi, Mokobé ou plus récemment Wagëblë, groupe sénégalais issu d’une des ban-lieues les plus défavorisées de Dakar. Des films sont aussi projetés sur les écrans du Grütli, parfois en avant-première et en présence de réalisateurs comme le Malien Souley-mane Cissé en 2009 ou le Burkinabé Dani Kouyaté, parrain du volet cinéma.
En 2012, le monde de la mode a fait son entrée avec Mod’Art Africa : des créateurs africains formés à Genève ont redonné des lettres de noblesse à la sape, sous le regard affûté de la Sénégalaise Oumou Sy, une des pionnières du stylisme africain.

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Mod’Art Africa. Création de David Thiandoum.
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Mod’Art Africa. Création d’Oumou Sy.

C’est l’occasion aussi d’écouter chanter le soninké, le wolof, le mandingue, le dioula.

Africa Jazz

Pour 2013, c’est l’afro jazz qui est à l’honneur. Souvent défini comme « la présence de la musique africaine dans le jazz », l’afro jazz évoque un retour aux sources de la communauté afro-américaine des années 50. Et c’est cet engouement pour les cultures africaines et plus largement la fusion des genres et les métissages musicaux qui vont préparer l’explosion de la World Music des années 80. Pourtant, il faut remonter aux années 20 pour retrouver les premières traces de jazz en Afrique, au Ghana ou en Afrique du Sud notamment. On attend également la Congolaise Gasandji aux influences jazz, soul et reggae, suivie du World Kora Trio, trio malien américain et français mixant kora percussion et violoncelle ! Les organisateurs du festival sont également fiers d’accueillir le grand Manu Dibango, pionnier de l’afro jazz et artiste engagé avec en première partie Voices of Africa, six artistes sud-africains issus du township. Côté 7e art, documentaires et fictions, récompensés dans diverses compétitions cinématographiques, se partagent l’affiche, tandis que Mod’Art Africa propo-sera cette année encore à de jeunes créateurs d’origine africaine et travaillant à Genève ou en Suisse romande de présenter leur collection sur un thème choisi et en lien avec le déve-loppement durable. « Afrique, terre de tendances » de Max Court sera projeté parallèlement aux défilés. Enfin, les murs du foyer du Théâtre Pitoëff seront recouverts des photos de Paul Sika, cet Ivoirien baptisé « prodige multimédia » par le New York Times et qui vous embarquera pour un voyage tout en quadrichromie.

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