Sur la Toile aussi, réduire la gender gap
Comment réduire le gender gap sur Internet ? C’est la question que se sont posée de nombreuses personnes engagées au travers d’institutions dans la promotion de la visibilité des femmes, suite à la parution dans le New York Times en 2011 d’un article intitulé » Define Gender Gap ? Look up Wikipédia’s Contributor List « 1. En substance, si vous voulez voir à quoi ressemble le gender gap, il suffit de regarder la liste des contributeurs à la grande encyclopédie participative en ligne, Wikipédia : homme, blanc, anglophone. Les femmes, elles, représentent moins de 15 %. Bien sûr, l’article eut un écho retentissant. Alors les institutions se sont mises en ordre de bataille pour y remédier. Conférences, ateliers, articles, publications, MOOC ont suivi. En Suisse romande, Martine Chaponnière, présidente de la Fondation Emilie Gourd, Brigitte Mantilleri, directrice du Service Egalité de l’Université de Genève, et Gabrielle Marie de la Fondation Wikimedia CH ont uni leurs forces pour tout d’abord informer, au travers de conférences, et puis former. Ainsi depuis 2015, il existe des ateliers gratuits pour aider toutes personnes à apprendre à contribuer sur Wikipédia. Ces ateliers de six modules sont dirigés par Natacha Rault, chargée de projet au Bureau de l’égalité de l’Université de Genève. Au cours de ces ateliers, vous apprenez d’abord les règles qui régissent Wikipédia, mais aussi à rédiger, à faire appel à la communauté, les wikipédiennes et wikipédiens. Une fois autonomes, il ne vous reste plus qu’à alimenter, corriger, supprimer, refuser, valider la prose de la communauté, constituée uniquement de bénévoles.
– Arrivez-vous à quantifier vos efforts et quel public ces ateliers attirent-ils ?
– L’objectif c’est déjà pour ce deuxième atelier que les gens viennent aux six sessions pour apprendre à contribuer. Après le premier atelier, 15 articles ont été publiés. Les personnes ressentent une grande satisfaction à produire leur premier article. De notre côté, c’est réjouissant de les voir évoluer, devenir autonomes. Quant au public, les participants ont des profils variés : universitaires, bibliothécaires, retraités, personnes en recherche d’emploi, artistes et professionnels de la communication.
Ces ateliers ont permis une grande circulation et porosité d’idées.
– Quelles sont les retombées ?
L’impact est extrêmement positif, cela crée une dynamique forte, non seulement nos ateliers sont pleins, mais en plus des projets nouveaux émergent. Par exemple, j’ai été invité à réaliser un Wiki MOOC é Paris avec FUN (France Université Numérique2). D’autres écoles sont intéressées car c’est au fond un projet d’égalité « clés en main » qui pourrait même être proposé au sein d’une entreprise, d’un syndicat, d’un parti politique… On peut aussi citer le projet Wiki Loves Women 3 lancé début février et qui a pour but d’intensifier la visibilité des femmes africaines sur le Web. Ces ateliers ont permis une grande circulation et porosité d’idées.
– Y a-t-il des choses auxquelles vous ne vous attendiez pas ?
En effet, ces projets font revivre le travail de pionnières, de féministes qui ont produit beaucoup d’efforts pour rédiger des livres, pour raconter la vie, l’engagement de certaines femmes. Toutes les biographies de femmes contenues dans ces oeuvres, bien classées dans les bibliothèques, sont maintenant répertoriées et accessibles facilement, presque sans effort. C’est un bel accomplissement pour sortir les femmes de l’anonymat numérique.