Smart Parking : yes, we can !
Aux Etats-Unis, on estime qu’il existe entre trois et huit places de parking pour chaque véhicule, soit entre 800 millions et 2 milliards de places de stationnement.
Dans certaines villes, à l’image de Los Angeles, les parkings recouvrent même jusqu’à un tiers de la ville. Pourtant, d’après un sondage réalisé par IBM, plus de 30 % du trafic des villes américaines serait causé par les conducteurs à la recherche d’une place pour se garer. En un mois, les Américains avalent 1,5 million de kilomètres uniquement pour trouver un stationnement. Cela représente presque 38 fois le tour de la planète ! Au-delà de l’encombrement des rues, c’est donc un problème environnemental, mais également économique : ce temps perdu est coûteux, tant pour le conducteur qui gaspille ainsi son essence que pour les entreprises qui auraient tout intérêt à ce que leurs employés ne perdent pas de précieuses minutes au volant. Par ailleurs, les parkings coûteraient en moyenne entre 4 et 20 milliards de dollars par an à l’économie américaine, selon une étude menée par plusieurs professeurs d’université*, lesquels ont calculé le coût de construction et de maintenance, mais aussi l’impact sur la santé ou sur la réduction des terrains agricoles, entre autres coûts externes.
Mais alors que l’aménagement des parkings n’a connu aucune évolution depuis les années 1950, de nouvelles technologies sont en passe de révolutionner cet espace délaissé par les urbanistes. A New York, il existe aujourd’hui un parking souterrain entièrement automatisé. L’automobiliste gare sa voiture sur une plate-forme et descend du véhicule ; grâce à un ascenseur contrôlé par des capteurs, le garage range alors la voiture dans le sous-sol de l’immeuble, économisant de l’espace en garant les voitures les unes au-dessus des autres. Ce parking situé dans le quartier de Chinatown peut ainsi contenir 67 véhicules quand la capacité initiale du garage n’excédait pas 24.
Toujours grâce à des capteurs, la start-up Streetline s’est associée à Cisco, le géant des réseaux informatiques, pour développer une application délivrant des données en temps réel. Concrètement, l’entreprise propose d’installer des capteurs sur les places de parking ; lorsqu’une voiture se gare, le capteur envoie l’information à Streetline, qui actualise ses données en temps réel sur un site internet accessible aux smartphones. Ainsi, les automobilistes équipés de cette application mobile visualisent la carte du quartier et sont guidés vers une place libre. « Cette application, qui s’appelle Parker, fonctionne dans plus de 50 villes américaines, dont Washington, San Mateo, Los Angeles, Indianapolis et le quartier du Bronx à New York », affirme Debbie Tanguay, employée de Streetline. Et l’application Parker ne se contente pas d’indiquer les places libres, elle fournit également des informations comme la durée maximale de stationnement.
Un samedi soir par mois le parking se transforme, à la nuit tombée et aux sons des DJs, en piste de danse pour la jeunesse new-yorkaise.
Pour les villes qui expérimentent cette technologie, les gains sont multiples. Les rues sont moins encombrées, et les commerces du centre-ville – longtemps délaissés par les automobilistes en raison du manque de stationnement – redeviennent attractifs. « Nous avons obtenu des retours favorables tant des mairies que des commerçants et des visiteurs. A San Carlos, en Californie, la mairie dit vouloir profiter des informations recueillies par Streetline pour repenser l’urbanisme de la ville et notamment le développement du centre-ville.
Repenser le stationnement, c’est d’ailleurs le titre d’un ouvrage écrit par Eran Ben-Jo-seph, professeur d’urbanisme au Massachusetts Institute of Technology : « Aux Etats-Unis, les parkings sont probablement les espaces urbains extérieurs les plus utilisés. Conçus intelligemment, ces parkings pourraient devenir des espaces publics intéressants. Un parking judicieusement pensé doit tenir compte du contexte dans lequel il est implanté, doit atténuer son impact environnemental et prendre en considération aussi bien l’aspect esthétique que l’expérience conducteur », dit Eran Ben-Joseph. « Par exemple, un parking recouvert de panneaux solaires pourrait à la fois produire de l’énergie et réduire la chaleur. En utilisant des matériaux perméables et en plantant des arbres, le parking pourrait aussi séquestrer le dioxyde de carbone et absorber les eaux conta-minées », avance l’auteur de Repenser le stationnement. Eran Ben-Joseph en appelle à l’imagination des urbanistes pour faire du parking un espace public aux fonctions multiples. Et de citer en exemple le parking du Musée de Brooklyn, qui un samedi soir par mois se transforme, à la nuit tombée et aux sons des DJs, en piste de danse pour la jeunesse new-yorkaise.
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