Saint-Gall, un monastère au cœur de la ville

Rien ne destinait ce lieu perdu au fond d’une vallée à devenir l’un des plus importants monastères d’Europe. Mais c’est précisément sa situation, à l’écart des voies de communication et des hauteurs, qui a attiré le moine irlandais Gall en 612.

Content image
x
La bibliothèque abrite quelque 170’000 livres, dont 2’000 manuscrits, des incunables, codex et autres documents anciens.
La bibliothèque abrite quelque 170’000 livres, dont 2’000 manuscrits, des incunables, codex et autres documents anciens. © Suisse Tourisme

Un siècle plus tard, saint Otmar fonde un modeste couvent à cet endroit. Au fil des années, grâce à la générosité de ses donateurs, qui cherchent autant à assurer le salut de leur âme que des relations privilégiées avec les cours carolingienne puis ottonienne, le monastère gagne de l’importance. Il deviendra l’abbaye de Saint-Gall, aujourd’hui emblématique de la ville.

Le monastère doit principalement son essor à l’abbé Gozbert (816-837). Ce proche de Louis le Pieux, fils de Charlemagne, fait ériger une vaste abbatiale à trois nefs. Cette construction, dont on peut encore voir les chapiteaux au Musée lapidaire de l’abbaye, s’inspire du plan du monastère de Saint-Gall. Datant de 825, ce dernier est le plus ancien dessin architectural médiéval arrivé jusqu’à nous. Sa signification demeure mystérieuse. En effet, bien qu’il décrive un complexe monastique bénédictin, sa disposition ne correspond pas à l’abbaye de Saint-Gall ni à aucune autre de l’époque. Considéré comme un trésor national suisse, ce document intéresse autant les historiens que les architectes et les artistes. Le célèbre écrivain italien Umberto Eco s’en serait d’ailleurs inspiré pour son fameux roman Le nom de la rose. Les visiteurs peuvent le voir brièvement — pour des raisons de conservation, ce précieux document doit rester à l’abri de la lumière. Ils en profiteront pour découvrir la fameuse bibliothèque de l’abbaye, également ouverte au public.

Cette « pharmacie de l’âme », ou « Psyches iatreion », d’après l’inscription en grec ancien qui figure au-dessus de sa porte d’entrée, abrite quelque 170’000 livres, dont 2’000 manuscrits, des incunables, codex et autres documents anciens. C’est sans doute la plus riche collection de documents du haut Moyen Âge, ce qui en fait un lieu incontournable pour qui s’intéresse à l’histoire de cette époque. Entre 1758 et 1767, elle a été reconstruite

dans le style baroque rococo qu’on lui connaît aujourd’hui. À mesure que le Moyen Âge progresse, le monastère perd de son importance politique et artistique tandis que, parallèlement, la ville qui s’est constituée autour se développe, déjà indépendante du monastère avant la Réforme. Pour bien distinguer cet édifice — catholique — de la ville — protestante —, un mur d’enceinte fut érigé au cours de la seconde moitié du XVIe siècle. Il n’en reste aujourd’hui que quelques vestiges.

Content image
x
À mesure que le Moyen Âge progresse, le monastère perd de son importance.
À mesure que le Moyen Âge progresse, le monastère perd de son importance. © Mattias Nutt Photography

Le canton de Saint-Gall, fondé en 1803, abolit le monastère deux ans plus tard. Depuis lors, il héberge le gouvernement et l’administration cantonale ainsi que le diocèse. Une cathédrale a remplacé l’ancienne église. Le domaine conventuel figure au Patrimoine culturel mondial de l’UNESCO depuis 1983. Chaque début d’été, le cloître accueille les St. Galler Festspiele, un festival d’opéra. En 2020, on pourra y voir Stiffelio de Verdi, du 26 juin au 10 juillet.

Content image
x
Le domaine conventuel figure au Patrimoine culturel mondial de l’UNESCO. © Suisse Tourisme
Le domaine conventuel figure au Patrimoine culturel mondial de l’UNESCO. © Suisse Tourisme