Pour révéler la poésie de notre environnement

Pour la deuxième année consécutive, la SOCIÉTÉ PRIVÉE DE GÉRANCE a fait travailler des étudiants en paysage et en architecture sur des lieux urbains délaissés. Passage en revue des projets lauréats.

L’atelier « Voir et revoir – Scénographies urbaines », organisé pour la deuxième fois par la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture (HEPIA) de Genève et la SOCIÉTÉ PRIVÉE DE GÉRANCE, a fait sa moisson d’idées pour revaloriser, voire ressusciter certains lieux de Genève. Plus audacieuse dans le choix des sites que la première année, cette cuvée 2011 a été primée en juin dernier dans les locaux de la SOCIÉTÉ PRIVÉE DE GÉRANCE, en présence des directions de l’HEPIA et de la régie, ainsi que d’un représentant de Pierre Maudet, maire de Genève. Et de celle, émue, des étudiants lauréats.

Mieux habiller la ville pour mieux l’habiter.

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Concours SPG/HEPIA 2011. Les lauréats du concours : Amandine Pinede, Philippe Kaspar, Pauline de Gorostarzu, Oscar Sampayo, Aurélie Sollberger et Jean-François Buendia.

Une semaine chrono

Rappelons le contexte qui a été soumis aux futurs architectes paysagistes et architectes qui ont travaillé en binômes inter-filières : leur mission consistait d’abord à choisir un lieu, à comprendre ses enjeux puis à proposer un aménagement, simple ou utopique, pour en changer l’allure, la fonction et surtout la perception. Timing : cinq jours. « Cela peut paraître très court, relève Claude Zuber, l’un des enseignants en charge de cet atelier et pilote du projet. Mais une semaine ou deux de plus ne changeraient pas grand-chose aux propositions finales : l’idée est de proposer spontanément une idée et de la développer, sans changer de cap en cours de route. » Cette année, la prospection des sites a été menée en amont du concours proprement dit. Le lundi et le mardi ont été consacrés à la recherche d’un concept, le mercredi à sa présentation devant un jury restreint. Le jeudi a servi à consolider puis à finaliser la présentation de l’idée, à l’aide de plans, de textes et de croquis réunis sur des posters grand format. Le vendredi, un jury composé d’enseignants, de professionnels de l’urbanisme, du paysage et de l’architecture et des membres de la direction de la SOCIÉTÉ PRIVÉE DE GÉRANCE a évalué les neuf propositions.

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De gauche à droite : Claude Zuber, Professeur HES à l’HEPIA, Thierry Barbier-Mueller, Administrateur délégué de la SOCIÉTÉ PRIVÉE DE GÉRANCE, et Yves Leuzinger, Directeur de l’HEPIA.

Les dix-huit participants ont tenté de répondre à l’exergue de Thierry Barbier-Mueller, Administrateur délégué de la SOCIÉTÉ PRIVÉE DE GÉRANCE et initiateur de ce partenariat public-privé : « Ayons systématiquement le réflexe du concours lorsqu’il s’agit de créer, de rénover ou de rehausser la qualité des espaces extérieurs, que ce soit pour remanier une zone importante ou pour aménager des espaces plus modestes, déficients en termes d’image et d’usage. » Et en fait d’espaces déficients, les étudiants se sont libérés cette année des lieux emblématiques, comme la rade ou la vieille ville, pour s’attaquer à des sites périphériques, oubliés, voire même souterrains !

L'idée est de proposer spontanément une idée et de la développer, sans changer de cap en route.

Les lauréats

Les lauréats du concours, Amandine Pinede et Philippe Kaspar, ont pris pour territoire d’expérimentation la pointe du Bouchet, sur le carrefour homonyme. De ce lieu aux allures de terrain vague, le duo a voulu restituer la mémoire tout en lui donnant un nouvel usage : un système de panneaux verticaux érigés de part et d’autre de la pointe permet à l’œil de l’automobiliste de reconstituer l’image du château de Bel-Essert, aujourd’hui détruit, par un effet de cinétique. Le piéton, lui, qui n’a aujourd’hui guère de place sur cette partie du carrefour, trouve entre ces parois discontinues un espace public planté et protégé du trafic.

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1er prix : Amandine Pinede et Philippe Kaspar. Panneaux en plexiglas à la pointe du Bouchet.

Autre pointe, autre vision pour le binôme Pauline de Gorostarzu et Oscar Sampayo (2e prix) : en choisissant le sentier des Saules, qui longe la rive gauche du Rhône juste avant sa rencontre avec l’Arve à La Jonction, ces étudiants ont voulu simplement surligner le caractère extraordinaire de ce tronçon pourtant délaissé, malgré les nombreux projets dont il a déjà fait l’objet sans qu’aucun jusqu’ici n’ait été réalisé. Leur idée : un filet rouge lumineux posé sur la barrière de la promenade pour révéler ce morceau de rive, du pont Sous-Terre jusqu’à son petit belvédère arrondi donnant sur la jonction des deux cours d’eau.

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2e prix : Pauline de Gorostarzu et Oscar Sampayo. Le long du sentier des Saules, un fil rouge court jusqu’au belvédère.

Palme de l’audace

Mais la palme de l’audace revient incontestablement au troisième prix, remporté par Aurélie Sollberger et Jean-François Buendia qui ont élu un site… souterrain. A savoir le passage sous-voie entre le quartier de la piscine de Lancy et celui des Semailles, séparés par la large avenue des Communes-Réunies, au Grand-Lancy. Là aussi, il s’agissait de souligner le caractère particulier de l’ouvrage, sans pou-voir ici s’appuyer sur sa qualité paysagère. Les étudiants ont proposé une forêt d’étais de chantier colorés, fixés entre sol et plafond, entre lesquels les piétons doivent se frayer un chemin. Comblant le vide oppressant de ces passages de mauvaise réputation, les étais mettent aussi en exergue la statique parfois angoissante d’un tel ouvrage : qui n’a jamais pensé à la solidité de ces tunnels, sachant que trams et camions lui passent sur la tête ?

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3e prix : Aurélie Sollberger et Jean-François Buendia. Passage souterrain entre le quartier de la piscine de Lancy et le quartier des Semailles.

Les autres candidats se sont penchés sur la promenade des Lavandières entre les Halles de l’Ile et le BFM, le passage des Grottes, la promenade de l’Observatoire, la place des Grottes, le quai du Rhône face au Seujet et une portion de la route des Jeunes, côté place de l’Etoile. Entre imagination et liberté de ton, ces neuf propositions ont le mérite d’interroger sur l’aménagement urbain, en particulier dans ce qu’il peut apporter dans des lieux considérés comme banals ou sans intérêt. L’opération prépare aussi les étudiants à un mode de prospection – le concours – qu’ils rencontreront une fois dans la vie professionnelle. Autant de bonnes raisons pour renouveler l’expérience en 2012, comme l’ont annoncé les principaux protagonistes, MM. Thierry Barbier-Mueller et Yves Leuzinger. Histoire de continuer à « mieux habiller la ville pour mieux l’habiter », selon la formule du patron de la SOCIÉTÉ PRIVÉE DE GÉRANCE.