ALT

Oser dénoncer

« Le linge sale se lave en famille » : cet axiome trivial et séculaire reste profondément ancré dans l’esprit de nos contemporains. Est-ce pour cette raison que les lanceurs d’alerte posent presque plus de problèmes à nos systèmes juridiques qu’aux institutions qu’ils dénoncent ? Celui qui alerte le sait : il s’engage dans un combat solitaire, avec force de foi mais peu de loi. Pour se défendre, il doit faire du bruit. L’ophtalmologue moscovite Anastasia Vasilieva critique la gestion sanitaire de son pays sans se cacher. Plus elle le fait savoir et moins les autorités russes continueront à l’arrêter.

Tirer la sonnette d’alarme n’est pas l’apanage du XXIe siècle. Avant Edward Snowden ou Irène Frachon, Voltaire et Émile Zola avaient mis à profit leur réseau et leur célébrité pour convaincre une opinion publique bien moins informée qu’aujourd’hui. Ce qui a changé ? Les réseaux sociaux ont amplifié la résonance de la dénonciation. Ils ont aussi relevé le niveau du danger. Alerter en 2020, c’est mettre sa réputation en jeu à un niveau mondial, mais c’est aussi accepter une exposition média-tique où tous les coups sont permis. « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté », chantait Guy Béart. Hier comme aujourd’hui, c’est bien connu, c’est encore et toujours le messager qu’on assassine.

Rubriques
Société