Montréal, ville intelligente sous le soleil sous sous zéro
Un soir de janvier, lendemain de tempête à Montréal. La ville se réveille sous 30 cm de neige. Casse-tête pour les automobilistes, le manteau blanc fait plutôt le bonheur des skieurs et des amateurs de sports d’hiver qui s’apprêtent à investir parcs et pistes pour profiter du grand congé des Fêtes.
Pour éviter d’être piégés dans les congères ou de voir leurs voitures remorquées par les déneigeuses, les automobilistes cliquent sur Info-neige, une application pour smartphone qui donne en temps réel l’avancement des travaux de déneigement, le lieu et la disponibilité des espaces de stationnements alternatifs dans la métropole. Les sportifs, eux, scruteront leur portable après avoir reçu par SMS le dernier relevé de l’état des pistes, et une alerte les avisant que leur rue est maintenant dégagée. Les voilà prêts à se lancer à l’assaut des sentiers urbains ou des patinoires, après avoir consulté les applis Ski urbain, Pank ou Patiner Montréal, alimentées par la banque de données ouvertes de Montréal.
Ville ouverte
Élue « Communauté intelligente de l’année en 2016 » par le Intelligent Community Forum, la métropole du Québec a fait de la connectivité et de l’accès aux données ouvertes une des assises de son programme politique. À l’heure de la transparence, la plus grande ville du Québec donne aujourd’hui accès à plus de 233 jeux de données compilées par divers services municipaux, données qui ont favorisé l’émergence de projets innovants dans une multitude de domaines. Deux ans après l’adoption d’une politique favorable à l’open data, les citoyens peuvent se tenir informés sur le taux de criminalité par quartier, notamment les violations de domicile, les vols de véhicules, agressions ou vols perpétrés avec une arme, autant d’informations qui suscitent un vif intérêt auprès de la population. La transparence s’étend aussi aux données sur l’état des transports publics et des travaux routiers, les collections des bibliothèques, l’indice de la qualité de l’air, les rapports des divers services d’inspection, et surtout le fin détail des 60 000 contrats octroyés par les élus depuis 2012. « Des milliers de données libérées peuvent maintenant être utilisées à des fins économiques, culturelles et sociales », affirme Stéphane Roche, professeur en géomatique à l’Université Laval, détenteur d’un doctorat au Sensible City Lab du fameux MIT au Massachusetts. Cette masse de données sert souvent de carburant aux start-up locales qui facilitent l’émergence de nouvelles applications. Parmi elles, Transit, une appli qui détaille en temps réel toutes les options de transports publics, de vélos en libre-service et de taxis électriques disponibles, ainsi que les heures de passage à partir d’un point donné.
Une cote de verdure
Grâce aux données ouvertes, l’appli Local Logic dresse pour sa part le score d’une propriété en ce qui a trait à la fluidité du transport automobile, l’accès au transport collectif, aux services publics et commerces de proximité. L’outil attribue même une cote en matière de verdure, d’environnement sonore, de qualité architecturale ou historique lors de la recherche d’une propriété. À Québec comme à Montréal, où le stationnement cause des maux de tête dans les quartiers centraux, des capteurs au sol viendront bientôt s’ajouter aux panneaux d’affichage dynamiques pour faciliter en tout temps la géolocalisation des places de stationnement disponibles. Au Canada, plusieurs grandes villes, lancées dans une course pour déployer des réseaux de fibre optique performants, butent non seulement contre les coûts, mais aussi contre la présence d’infrastructures anciennes. À cet égard, Toronto pourrait bien devenir le cobaye de la ville intelligente de demain, puisque le géant Google lorgne un no man’s land, à deux pas du centre-ville, pour y développer une Smart City modèle. Sur ces terrains désertés, la ville hyperconnectée, pensée « du sol au ciel », serait dotée de réseaux omniprésents, de capteurs solaires, de bâtiments durables, de voitures autonomes et desenseurs interactifs contrôlant transports et bâtiments publics. Cela bien sûr, si Google se décide à passer du rêve… à la réalité.
Deux ans après l’adoption d’une politique favorable à l’open data, les citoyens peuvent se tenir informés sur le taux de criminalité par quartier.