L’innovation verte, une opportunité pour la Suisse
Est-il candide d’affirmer que l’environnement est l’affaire de tous? S’agit-il d’un lieu commun, à l’heure où la compétitivité économique excuse tout et où les « permis de polluer» s’achètent et se revendent dans l’allégresse?
Pourtant, bien avant que nous ayons inventé la notion de «village global» et celle de « mondialisation», une contamination des eaux de Fukushima avait déjà un impact manifeste sur l’ensemble de la planète. L’homme est simplement parvenu à créer des dangers supplémentaires et à piller les ressources au point de «vivre à crédit» la moitié de l’année sur le plan environnemental. Plus prosaïquement, puisque les questions d’immigration et de choc des cultures sont à la mode, n’est-il pas logique que des populations dont le cadre de vie est anéanti se lancent dans des aventures migratoires déstabilisantes pour d’autres régions?
Notre dossier, au fil de quelques exemples majeurs, pointe l’homme destructeur et célèbre l’homme créateur. li dénonce le génie malin qui se manifeste en asséchant des lacs, en rasant des forêts, en déversant chaque jour de l’eau hautement radioactive dans l’océan, en empoisonnant au pétrole tout le delta du Niger (on n’y trouve plus un seul puits d’eau potable pour les populations!). Mais on y célèbre aussi le génie créateur qui invente, qui fait progresser l’humanité, en perfectionnant les panneaux solaires (l’avion solaire existe, et il vole! 1), en imaginant des méthodes de collecte des gigantesques amas de plastique qui asphyxient les mers, en coordonnant les efforts d’organismes et élus parfois velléitaires pour aboutir à de réelles initiatives internationales.
Ce survol mondial de défis environnementaux, de catastrophes passées ou en cours de préparation, mais aussi de timides percées d’espérance, vous mènera aussi bien en Australie qu’au Nigeria ou au Japon, ainsi qu’en Allemagne ou en Suisse. En effet, quelques élus et experts nous ont confié leur vision, qui illustre au passage les contradictions de nos choix. Certes, tous les habitants de notre planète ne sont pas aussi vertueux que les Allemands, prêts à payer le courant électrique plus cher pour qu’il soit généré de façon écologique (rappelons que la Suisse produit quinze fois moins d’énergie solaire et éolienne par habitant que l’Allemagne).
Cela dit, il ne s’agit pas en l’espèce de saluer uniquement de bons sentiments et le sens civique de certains contemporains: l’expert en climat et énergie de Greenpeace n’a-t-il pas raison de mettre en exergue les enjeux économiques, commerciaux et industriels qui se dessinent pour la Suisse en observant que «plus notre pays attend, plus il perd ses chances de se profiler sur le marché extrêmement porteur des cleantechs»? «On a déjà beaucoup fait», arguent les sceptiques. Mais il reste des moyens de convaincre. Pourquoi, par exemple, ne pas décider une fois pour toutes, à l’instar de plusieurs autres pays et afin d’envoyer un signal clair, d’interdire purement et simplement les sacs en plastique? Le Rwanda ainsi que de nombreuses villes dans le monde l’ont déjà fait…
Edito