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Les espaces publics en vedette

C’est devenu une tradition. Pour la quatrième année consécutive, des étudiants architectes et paysagistes ont rivalisé d’excellence et de créativité dans le Concours SPG-HEPIA « Voir et revoir : scénographies urbaines », qui connaît un succès croissant. En effet, l’édition 2013 a attiré dix-huit équipes concurrentes, alors qu’elles n’étaient que quatorze en 2012 et une dizaine les années précédentes. Pendant une intense semaine de créativité, les étudiants ont imaginé des moyens d’améliorer un espace public de leur choix à Genève. L’ingéniosité de leurs projets témoigne, une fois de plus, de la fécondité des concours d’émulation et des nombreuses possibilités d’élever le niveau de qualité des espaces publics de Genève.

La cérémonie de remise des prix a eu lieu le 28 mai 2013 au pied de l’immeuble de l’Amandolier, route de Chêne, en présence d’une foule d’invités. Thierry Barbier-Mueller, Administrateur délégué de la SOCIÉTÉ PRIVÉE DE GÉRANCE et initiateur du concours, s’est réjoui de la forte participation des étudiants et de la créativité de leurs projets, en souhaitant que ces propositions innovantes retiennent un jour l’intérêt de promoteurs publics ou privés, et trouvent la voie d’une concrétisation.

Le Concours SPG-HEPIA produit des propositions d’aménagement stimulantes, propres à inspirer l’Administration municipale dans l’évolution de ses manières de voir.

Un intérêt grandissant

Yves Leuzinger, directeur de la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (HEPIA), a remercié la régie immobilière de son engagement au service de la qualité urbaine et de ce concours partenarial, passerelle presque idéale permettant aux étudiants de sortir du contexte pédagogique pour se confronter aux réalités de terrain de l’aménagement genevois. Quant à Guillaume Barazzone, Conseiller administratif de la Ville de Genève et invité d’honneur de la cérémonie, il a conclu cette introduction en manifestant son intérêt pour la dynamique du Concours SPG-HEPIA qui, « chaque année depuis quatre ans, produit des propositions d’aménagement stimulantes, situées et réalisables, propres à inspirer l’Administration municipale dans l’évolution de ses manières de voir, de concevoir et de gérer les espaces publics de la ville. »

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Concours SPG/Hepia 2013. Candidats et membres du jury de la 4e édition.

Premier prix : nature sauvage en pleine ville

Le projet classé premier s’intitule « Une île, réserve naturelle au cœur de la ville ». Ses auteurs, Hugo Campi et Alexandre Gay, caressaient depuis longtemps l’idée d’étudier l’implantation d’un coin de nature « sauvage » en pleine ville. Selon eux, la réservation de sites « délaissés », abandonnés à une végétation et une faune spontanées, serait un bon moyen d’améliorer la biodiversité urbaine tout en mobilisant un minimum d’intervention humaine. Pendant deux jours, ils ont sillonné Genève en quête d’une friche adaptée, avant de trouver près de leur école une cour d’îlot sous-utilisée, à la végétation rare et clairsemée. Leur projet consiste à surélever le sol au centre de la cour pour créer un plateau sauvage, réservé aux arbres et aux « mauvaises herbes », que les passants et les riverains regardent sans pouvoir y accéder. Simple, durable, réalisable sans coûts prohibitifs et servie par des aquarelles très séduisantes, la proposition a reçu le premier prix du concours 2013 à l’unanimité du jury.

 

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1er prix. « Une île, réserve naturelle au cœur de la ville » de Hugo Campi et Alexandre Gay.

Deuxième prix : mise en scène de parcours quotidiens

Les auteurs du deuxième prix ont au contraire développé leur projet à partir du choix d’un site très particulier. Victoria et Paul-Emile Durand se sont intéressés au grand vide de la place Sturm, au bord du plateau des Tranchées, en attente d’affectation depuis plusieurs décennies et toujours inutilisé après l’échec du projet de Musée d’ethnographie en 2001. Le jour où ils se sont rendus sur place, il avait neigé : ils ont pu constater que la place était traversée par de nombreux passants, dont les pas avaient dessiné sur le sol une diagonale sombre sur fond blanc. Leur projet consiste à théâtraliser ce tracé spontané en tranchant comme au couteau dans l’épaisseur du terrain. Une allée dallée et bordée d’acier corten s’enfonce progressivement dans le sol, croise un chemin existant à plus forte pente, puis se fend latéralement en descendant la pente, avant de s’ouvrir sur des vues larges au niveau du quartier de Rive. Intitulé « Traversée », le projet prévoit que cette longue diagonale soit marquée, la nuit, par un fin pinceau de lumière.

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2e prix. « Traversée » de Victoria et Paul-Emile Durand.

Troisième prix : améliorer un passage sous voie en périphérie

Les auteurs du troisième prix ont choisi un thème beaucoup plus ingrat. Simon Cally et Florent Petrod ont fixé leur attention sur un passage piéton sous une route à grand trafic, à l’entrée de Bernex près du terminus du tramway. Non content d’enterrer les piétons et les cyclistes sous le trafic routier, l’obscur tunnel débouche sur un talus qui ferme la vue sur la suite du parcours et sur le paysage. Pour corriger le sentiment de claustrophobie et d’insécurité qui en résulte, le projet installe deux séries de miroirs : certains reflètent le sol et le ciel, maintenant un contact visuel avec le paysage au fur et à mesure que l’allée s’enfonce dans le sol ; d’autres traitent l’angle entre l’allée et le tunnel, permettant au passant de voir ce qui se passe dans le tunnel avant de s’y engager – en vérifiant par exemple qu’aucun personnage patibulaire ne les y attend. Un projet méritoire tentant d’atténuer les défauts de l’un des pires « espaces publics » qui soient, au moment où l’urbanisme contemporain préconise au contraire des traversées piétonnes en surface et un ralentissement des déplacements motorisés périurbains.

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3e prix. « Entre ciel et terre » de Florent Petrod et Simon Cally.