Les substituts à la viande ont le vent en poupe
Les alternatives végétales à la viande ont le vent en poupe. Selon un rapport de Reportlinker, le marché des substituts de viande d’origine végétale, actuellement estimé à 3,76 milliards d’euros, atteindra les 5,1 milliards d’euros en 2023, soit une croissance de 6,8%.
Après l’arrivée du Beyond Burger sur les étals de Coop mi-avril, c’est au tour de Nestlé de lancer son burger sans protéine animale via sa marque végétarienne Garden Gourmet. Dès la semaine prochaine, l’Incredible Burger rejoindra les rayons toujours plus étoffés des produits destinés aux végétariens, véganes et flexitariens de Suisse, dans un premier temps à la Coop.
« Le marché des produits substituts à la viande avoisine les 32 millions en Suisse et Nestlé n’est encore qu’un petit acteur », a déclaré à AWP Jérôme Bonvin, responsable des produits culinaire pour Nestlé suisse. « Et sur les trois dernières années, il a cru à un rythme de 18% ». Le géant de l’alimentaire est convaincu que la tendance est là pour durer.
« La demande de produits végétariens et véganes ne cesse de croître », confirme pour sa part Andrea Bergmann, porte-parole de Coop, qui propose plus de 800 produits végétariens, dont 600 véganes. Coop commercialise également les 11 produits de Garden Gourmet, la marque végétarienne de Nestlé.
L’arrivée en avril du Beyond Burger, produit phare de la start-up américaine Beyond Meat, a été « un total succès », affirme la porte-parole. « L’année dernière, nous avons également lancé de manière réussie les produits substituts à la viande, au poisson et au fromage des marques Naturli, Vivera und New Roots », rappelle la porte-parole.
Si les consommateurs soucieux de leur impact écologique pourront être attirés par ces alternatives plus vertes, ce genre de produit n’est pas vraiment nécessaire pour les végétariens et véganes, comme le souligne Renato Pichler, Président de Swissveg, l’association représentant les intérêts de végétariens et véganes. « Les principaux consommateurs de ces produits sont les personnes cherchant à réduire leur consommation de viande ».
L’innovation est toutefois accueillie avec enthousiasme: « Pour ces personnes, qui font souvent leurs courses au supermarché et fréquentent les fast-food, il est important d’avoir une alternative végétale. Plus il sera facile de se nourrir de manière végétarienne ou végane, plus les personnes changeront leur alimentation », explique-t-il.
M. Pichler fait également remarquer que pour les grandes entreprises, peu importe la manière dont elles font des bénéfices. « Quand elles verront qu’elles peuvent également gagner beaucoup d’argent avec les produits à base végétale, elles ne freineront plus la transition vers une alimentation moins riche en protéines animales », se réjouit-il.
« Les tendances en matière d’alimentation vont et viennent », observe pour sa part Regula Kennel, responsable développement d’entreprise chez Proviande, l’interprofession suisse de la filière viande. « L’industrie investit beaucoup d’argent dans le développement d’alternatives végétales aux protéines animales ».
Si la faîtière admet que les technologies agroalimentaires permettent de faire de « bonnes copies » au niveau du goût, l’argument santé dans le choix d’un burger à base végétal ne tient pas.
« Ces produits ultra-transformés incluant des additifs et des arômes (21 ingrédients pour le Beyond Burger) ne font pas le poids par rapport à un produit régional naturel et peu transformé. Les produits à base végétale ne sont pas automatiquement plus sains » soutient-elle. De plus, l’argument d’un moindre impact écologique « n’est plus valable », si on prend en compte toutes les étapes nécessaires à la production.
Nestlé, qui a racheté les spécialistes des plats végétariens Sweet Earth et Garden Gourmet, semble dans tous les cas bien décidé à saisir les opportunités d’un marché où les perspectives sont très attrayantes. En témoigne l’entrée fracassante à Wall Street de Beyond Meat, spécialisé dans les alternatives végétales à la viande, en mai. D’un prix d’émission à 25 dollars, le titre se négocie actuellement aux alentours de 140 dollars.
Le géant veveysan est toutefois loin d’être seul sur ce marché. Danone et Unilever ont également étoffé leur offre de produits végétariens et véganes, avec des acquisitions menées en ce sens au cours des dernières années – The Vegetarian Butcher pour Unilever en 2018, Whitewave et sa marque de yaourt végétal Alpro en 2017 pour Danone. « La plupart des grandes entreprises ont compris que ce marché est suffisamment étendu pour y investir », conclut M. Pichler.(rédaction d’IMMORAMA avec ats)
rapport de Reportlinker : https://www.prnewswire.com/news-releases/the-meat-substitutes-market-is-projected-to-grow-at-a-cagr-of-68-300597230.html