Focus – Les artistes

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Portrait de Paul Klee.

Paul Klee, Suisse mais pas trop

Paul Klee est né près de Berne en 1879 et mort à Locarno en 1940. Oui, mais d’un père allemand et d’une mère suisse. Pour les autorités helvétiques, le peintre de la couleur est donc germanique. D’autant que l’artiste majeur de l’art abstrait s’engage dans l’armée de réserve allemande en 1916. De retour à la vie civile, il enseigne au Bauhaus avec Vassily Kandinsky et Johannes Itten. Cette école que l’architecte Walter Gropius a fondée à Weimar en 1919, puis à Dessau en 1925, nourrit l’ambition d’améliorer la qualité de la vie à travers l’art, le design et les arts appliqués. Les nazis qui prônent le retour à l’ordre voient d’un mauvais œil cet établissement trop progressiste. Ils le ferment en 1933. Klee se réfugie en Suisse l’année suivante et réclame régulièrement sa naturalisation. Elle lui sera refusée avec une constance confédérale. Avant de lui être finalement accordée quelques jours après sa mort en juin 1940.

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Portrait d'Hermann Hesse

Hermann Hesse, le loup de Montagnola

Le Loup des steppes, son roman le plus célèbre, a inspiré son nom à Steppenwolf, groupe de hard rock américain des années 70. Il a aussi défini son auteur, ayant vécu une bonne partie de sa vie dans la campagne tessinoise. Né en 1877 à Calw en Allemagne, Hermann Hesse déménage à Bâle en 1899 où il travaille dans une libraire. Il vient de publier deux ouvrages qui n’ont eu aucun succès, mais s’accroche à la littérature. En 1904, son roman Peter Camenzind lui permet enfin de vivre de sa plume. Après avoir vécu au bord du lac de Constance et à Berne, l’écrivain s’installe dans le canton du Tessin à la fin de la Première Guerre mondiale. En Allemagne, ses prises de position antinationalistes en font un paria. Si Thomas Mann l’adule, Alfred Döblin le déteste. Sans être interdite, son œuvre reste peu diffusée dans son pays natal jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Fait citoyen suisse en 1924, il reçoit le Prix Nobel de littérature et le Prix Goethe en 1946. À partir de ce moment, son étoile décline. Elle retrouvera une nouvelle vigueur à la fin des années 60 auprès d’un jeune lectorat. Trop tard. Le loup de Montagnola s’est éteint en 1962.

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Portrait d'Oskar Kokoschka

Oskar Kokoschka, l’appel du Léman

Début janvier 1910, l’architecte viennois Adolf Loos fait découvrir à Oskar Kokoschka la Riviera vaudoise. Le peintre autrichien réalise quelques paysages, peint le portrait d’Auguste Forel et tombe amoureux fou de cette région. En 1917, il est de retour au Cabaret Voltaire de Zurich pour y donner la première mondiale de sa comédie dadaïste Le sphinx et l’homme de paille. En 1923, le revoilà à Blonay où il peint le Léman. «Si vous pouviez dénicher en Suisse, à Vevey ou ailleurs au bord du lac Léman, ma patrie spirituelle, un véritable ami de l’art qui m’avancerait 100’000 francs et une petite maison avec des vignes, je lui offrirais cinq années durant tout mon souffle et tout mon amour, ou plus clairement tout ce que je peux rêver, peindre ou écrire de plus beau», écrivait-il à des amis en 1919. Un vœu qu’il exaucera en 1951 lorsque le peintre construit finalement sa maison à Villeneuve. Il y mourra en 1980, à l’âge de 94 ans. Si Kokoschka aimait la Suisse, la Suisse le lui rendait bien. Outre les nombreuses expositions organisées à Bâle et à Zurich, l’artiste y avait ses plus fidèles protecteurs ainsi qu’une clientèle prospère qui lui assurait des commandes de portraits.