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Le cœur de Nyon va battre encore plus fort

Nyon se dote d’un projet d’envergure baptisé « Cœur de ville ». Les autorités communales ont décidé de transformer de fond en comble les quartiers du Martinet, de Perdtemps et de la Morâche, qui entourent la gare CFF. Objectifs : favoriser les échanges, revitaliser le centre-ville et améliorer la mobilité.

La ville de Nyon devrait compter 25 000 habitants en 2025, contre 19 000 aujourd’hui.

Durant plus de vingt ans, le développement du centre-ville de Nyon a été un véritable serpent de mer : tout le monde en parlait, mais personne ne l’avait jamais vu. L’un après l’autre, les projets finissaient au fond d’un tiroir pour n’en plus ressortir. Ce fut le cas de la petite ceinture, une infrastructure routière destinée à relier les différents quartiers entre eux, ou du grand centre commercial projeté derrière la gare. Résultat, une ville qui stagnait tranquillement entre blocages et incertitudes.
Jusqu’à ce qu’en novembre 2011, le conseiller communal Régis Joly dépose une motion visant à inscrire le développement du quartier de la gare comme une priorité absolue. « Le secteur de la gare, véritable no man’s land déstructuré et quasi abandonné au cœur de la ville est une plaie offerte à la vue des milliers d’usagers de la mobilité douce arrivant à Nyon, a-t-il lancé alors. Il semble pourtant que ce quartier soit indispensable pour débloquer presque tous les autres projets concernant le centre-ville. » Suite à ce cri d’alarme, l’idée a fait son chemin au sein de la Municipalité. En avril 2013, elle a organisé un atelier créatif qui a abouti sur un projet phare baptisé « Cœur de ville ».

Forte croissance démographique et économique

Cette initiative est d’autant plus nécessaire que Nyon croît à vive allure, plus vite que la Suisse et le canton de Vaud. La ville devrait compter 25 000 habitants en 2025, contre
19 000 aujourd’hui, tandis que le nombre d’emplois devrait avoisiner les 15 000 à la même date, contre 12 000 actuellement. « Cette évolution va multiplier nos besoins en logements, en infrastructures routières, en infrastructures hôtelières et en équipements commerciaux, administratifs et communautaires, explique Daniel Rossellat, le syndic de la ville. Par chance, la commune est propriétaire de terrains inutilisés depuis longtemps et qui ne demandent qu’à être réhabilités. »
Pour mémoire, la cité de La Côte est coupée en deux par la voie de chemin de fer, avec le quartier du Martinet du côté nord de la gare et les quartiers de Perdtemps et de la Morâche du côté sud. Ces deux zones ne communiquent guère, reliées par deux tunnels relativement excentrés. Quant au centre-ville, il se résume à la rue de la Gare que le piéton parcourt dans un sens puis dans l’autre, sans vraiment en sortir. Résultat : l’attractivité commerciale du centre ne cesse de reculer. Sans compter que Nyon doit faire face à la concurrence des grands centres commerciaux et des pôles métropolitains, comme Lausanne et Genève.
Et si, entre le Paléo, le Festival des Arts Vivants, mêlant théâtre et danse, ou Visions du Réel, centré sur les films documentaires, la ville de La Côte témoigne d’une vitalité culturelle exceptionnelle, ces différentes manifestations sont éclatées et manquent de lieux pour s’exprimer pleinement. « D’un point de vue urbain, l’un des grands défis est de renverser la tendance actuelle qui fait que le centre-ville devient monofonctionnel, dit Pierre Wahlen, architecte et représentant des Verts au Conseil communal. Actuellement, ne peuvent y résider que les ménages et les commerces les plus riches. Il faut impérative-ment redonner un peu de vie à cette ville qui se meurt lentement.

‹ Cœur de Ville › a un horizon à vingt ans. Il va nous servir de ligne directrice, de vision.

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Esquisse de la « boucle des adresses » tirée du compte rendu de l'atelier Non-Stop organisé les 22 et 3 avril 2013. Source : www.nyon.ch/multimedia/docs/2013/08/PM131-Coeur-Ville.pdf

Favoriser les échanges et les rencontres

Pour l’essentiel, le projet « Cœur de ville » comprend quatre volets, complémentaires les uns des autres. Le premier consiste à développer une « boucle des adresses » entre la rue de la Gare et l’avenue Viollier, en y renforçant les commerces. Ce qui permettra de décloisonner la rue de la Gare. Le deuxième volet vise à aménager un « quartier des contacts » dans le secteur du Martinet actuellement en friche, pour y transplanter un immeuble administratif et un hôtel d’affaires, ainsi que des logements à l’arrière, protégés du bruit des voies. « Pour favoriser la mobilité entre les deux secteurs, les passages sous-voies seront améliorés, avec notamment un nouveau tunnel à la hauteur de l’avenue Viollier », explique Daniel Rossellat. Troisièmement, le programme prévoit de créer un « quartier culturel » dans le secteur de Perdtemps qui accueillera un parking souterrain et transformera en parc urbain l’actuel parking en surface, ainsi que des équipements consacrés aux arts du spectacle, avec une nouvelle grande salle, des cinémas ou une médiathèque.
Le quatrième volet concerne l’aspect le plus central du projet nyonnais, autour duquel tournent les trois autres : la mobilité. Avec l’amélioration de l’offre des CFF, l’accent est mis sur la mobilité douce. Il s’agit de favoriser l’accès aux piétons et aux cyclistes et de créer des parkings qui entoureront le centre-ville, afin d’éviter le trafic automobile de transit. « Ce qui permet de faire venir au centre de Nyon ceux qui ont quelque chose à y faire et de détourner ceux qui ne font qu’y passer en voiture, ce qui n’est intéressant pour personne », explique Pierre Wahlen.
Selon l’architecte, la ville va ainsi dans le bon sens : « On reproche souvent aux politiques de manquer de vision d’ensemble, voire de vision tout court. Ici, il y a un véritable recul qui est pris, une distance pour répondre à toute une série de problèmes auxquels on répondait autrefois au cas par cas. Il y a une véritable cohérence dans ce projet, commente-t-il. Le danger, ce sont les recours, qui risquent de ralentir sa réalisation. Au fil des années qui passent, il faudra pouvoir maintenir cette cohérence et notre enthousiasme. » Une prudence que Daniel Rossellat résume ainsi : « ‹ Cœur de Ville › a un horizon à vingt ans. Il va nous servir de ligne directrice, de vision. Ce sera un peu comme une longue marche dont on sait où elle mène, mais dont le trajet dépendra des conditions de la route. »

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Immobilier Urbanisme