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Lausanne redessine sa mobilité et change de visage

Le projet Axes forts, dessiné et mené par le canton de Vaud et les villes de Lausanne, de Renens et de Prilly, veut renforcer le rôle des transports publics dans la mobilité des Lausannois. Il comprend un nouveau tram, des lignes de bus à haut niveau de service et un nouveau métro, le m3. Il veut également promouvoir la mobilité douce en mettant plus d'espaces à la disposition des vélos, de la marche à pied et même de la trottinette. Explications avec Olivier Français, directeur des travaux de la Ville de Lausanne.

Avec ses deux premiers métros, ses services de bus et ses ascenseurs, l’agglomération lausannoise fait déjà figure en Suisse romande de championne de la mobilité douce. Et ce n’est pas fini. Le nouveau projet Axes forts vient encore renforcer cette politique, avec l’idée d’accompagner la croissance et le dynamisme de la région. « C’est la deuxième mutation urbaine en dix ans. Nous avons eu les deux métros, et dorénavant nous prévoyons encore entre autres un tram et un troisième métro•, explique fièrement Olivier Français, directeur des travaux de la Ville de Lausanne depuis la passerelle qui surplombe la place de l’Europe, nœud de toute l’affaire. En effet, le projet comprend plusieurs pans ambitieux dont le pôle d’échange principal sera la place de l’Europe jouxtant le nouveau quartier commercial et festif du Flon: un tram, le Tl, un nouveau métro, le m3, le renforcement du m2, des lignes de bus performantes et des axes rendus aux piétons. Le tout devrait être en service en 2025. Un vrai défi.

Le tram T1

C’est un retour aux sources pour Lausanne qui, contrairement à Bâle ou à Zurich, avait abandonné le tram en 1964. Il reliera la gare de Renens au cœur de la ville et participera à l’essor de Renens, qui prévoit de transformer ses friches industrielles en quartiers d’habitation. « Tout le défi était de faire de la place pour le terminus au centre-ville, explique Olivier Français. Notre premier projet, qui le faisait arriver au milieu de la place de l’Europe, a soulevé des protestations. Nous l’avons donc légèrement déplacé vers la rue de Genève. De toute façon, tout projet se construit par itérations et subit des modifications en cours de conception.»

Axes forts est une mesure de prévention. f t si, aujourd'hui, tout v.a bien et que la circulation est fluide au centre de Lausanne, c'est que nous avons pris des mesures il y a dix ans déjà.

L’axe Saint-François-Chauderon

Il prévoit la suppression du trafic au cœur de la ville au profit de la mobilité douce et des transports publics. La circulation des voitures individuelles y sera interdite. Le tunnel sous la place Chauderon sera fermé à la circulation individuelle et réservé aux lignes de transports publics. Pour le métro m3, une troisième ligne reliera la gare de Lausanne à la Blécherette et son projet d’écoquartier de plus de 10000 habitants, situé au nord de l’agglomération. Elle permettra notamment de desservir directement le Palais de Beaulieu, autre lieu phare du développement urbain de Lausanne. «C’est le succès du m2 qui nous a motivés», sourit Olivier Français, son initiateur. Le m2 a permis une augmentation de l’utilisation des transports publics de 16%. En 2013, il a transporté plus de 100 000 voyageurs par jour, c’est-à-dire 28 millions de personnes par année. La Ville envisageait cette fréquentation pour 2020 et elle est déjà à l’ordre du jour en 2014.

Les bus à haut niveau de service ou BHNS

Le BHNS fonctionne comme un réseau de tram. Il peut transporter jusqu’à 200 personnes, dispose partiellement de voies qui lui sont réservées et possède la priorité aux carrefours. Il concerne les axes entre Prélaz-les-Roses, Chauderon et Béthusy-Chailly village, puis entre Pully et Lutry. Ce nouveau réseau de transports publics, pensé pour les piétons et les amateurs de mobilité douce, a pour objectif de changer le visage de l’agglomération et, surtout, les comportements des usagers. «Peu à peu, ils devraient perdre le réflexe de venir en ville en voiture, dit Pierre Treyvaud. Ce qui évitera à l’avenir d’engorger le centre-ville. Car nous assistons depuis plusieurs années à une augmentation des emplois au centre, ainsi que des habitants. En fait, Axes forts est une mesure de prévention. Et si, aujourd’hui, tout va bien et que la circulation est fluide au centre de Lausanne, c’est que nous avons pris des mesures il y a dix ans déjà.»  A la fin, c’est Berne qui tranchera. Il revient à l’Office fédéral des transports (OFT) de traiter les oppositions et de délivrer l’autorisation de construire. A Lausanne, c’est déjà l’enthousiasme qui prédomine: « Le Conseil communal a voté en faveur d’Axes forts à la quasi-unanimité, se réjouit Olivier Français. Chacun est bien conscient qu’une mobilité fluide est essentielle pour que la ville fonctionne et se développe harmonieusement. »

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Urbanisme