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Lausanne met la main de l’homme à l’honneur

En décembre 2013, le CHUV a inauguré une unité flambant neuve entièrement dédiée à la main: chirurgiens, infirmiers, physiothérapeutes, ergothérapeutes et techniciens en radiologie y travaillent ensemble pour soigner, reconstituer, rééduquer cet organe essentiel à l’autonomie et à la survie de l'être humain. Le Centre est également très actif dans la recherche et la formation de pointe. Un plus pour le canton de Vaud. Coup de projecteur.

Le tout nouveau Centre de la main du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) a été inauguré l’hiver dernier. Il est entièrement dédié aux pathologies de la main, du poignet et des nerfs périphériques. Une vingtaine de collaborateurs, chirurgiens, infirmiers, physiothérapeutes, ergothérapeutes et techniciens en radiologie, s’y activent 7 jours sur 7 et y effectuent 1 500 consultations et 500 opérations par mois.

Lausanne pionnière

Hasard du calendrier, début 2013, l’Office fédéral de la santé publique a justement reconnu la chirurgie de la main comme une spécialité à part entière. C’est peu dire que cela n’a pas toujours été le cas. « Autrefois, la chirurgie de la main faisait partie de lia chirurgie générale. Ce n’est qu’à partir des années 1940 que l’on a pensé qu’on pourrait en améliorer les résultats si l’on tenait vraiment compte des spécificités de cet organe très complexe, explique le professeur Wassim Raffoul, qui dirige ce Centre depuis sa création. Et là, Lausanne a joué un rôle de pionnière au niveau mondial.• Notamment grâce à l’apparition des microscopes de chirurgie. Mais aussi et surtout à la détermina­tion et à la passion du professeur en médecine lausannois Claude Verdan, fondateur en 1947 de la Clinique de la Longeraie, qu’il a spécialisée dans la chirurgie de la main. Dans les années 1990, pour des raisons d’économie et de politique de santé, une colla­boration a été établie entre le CHUV et la Clinique de la Longeraie dans le cadre d’Uln contrat de prestation, selon lequel la clinique, située à l’avenue de la Gare, était chargée de s’occuper de la main et des nerfs périphériques, tandis que le CHUV mettait à sa disposition ses chirurgiens spécialisés. Cette collaboration a perduré jusqu’en décembre 2013. « Les locaux étaient devenus vétustes et la clinique souhaitait une inscription sur la liste LAMal pour un nouvel établissement en ville, explique Pierre-Yves Maillard, conseil­ler d’Etat vaudois chargé de la santé et de l’action sociale. C’est alors qu’a été prise la délicate décision de rapatrier les compétences au CHUV. Cette solution permettait de précieuses synergies, des économies de masse critique, ainsi que le maintien d’un pôle d’excellence et de formation à la disposition de la population vaudoise 24 heures sur 24. »

25% de toutes les consultations en urgence concernent la main.

Un territoire complexe

Pourquoi dédier un centre entier à un organe si petit? Où est la logique? Premier argu­ment, la fréquence des pathologies liées à la main: 25% de toutes les consultations en urgence la concernent. «C’est un petit organe, mais un immense territoire, résume le professeur Wassim Raffoul. Il y a de tout dans une main, des nerfs, des tendons, des muscles, des os, des articulations. La chirurgie de la main est très minutieuse et très compliquée. Il faut beaucoup de patience et d’endurance pour la réaliser. Mais aussi des connaissances multiples et très pointues.» Les pathologies spécifiques de la main sont nombreuses: en traumatologie, il y a les lésions, les fractures ou les amputations. Sans parler des maladies telles que la polyarthrite rhumatismale ou l’arthrose.

Des avancées notables

Aujourd’hui, les médecins sont capables de reconstruire une main détruite. «Récemment nous avons traité en urgence un jeune boulanger dont le pouce a été broyé dans une machine à pétrir, poursuit le professeur avec de l’enthousiasme dans le regard. Cela nous a pris plusieurs heures, mais nous y sommes parvenus.• Ce type de compétences n’est pas anodin d’un point de vue psycho-social: « Certes, la chirurgie de la main est moins prestigieuse que la cardiologie, qui s’adresse à un organe vital, explique encore le professeur Raffoul. Mais quand on y pense, perdre l’usage de ses mains est le pire des handi­caps. Cela rend le patient totalement dépendant des autres pour boire, manger, se vêtir, se laver, uriner. Bref, pour tous les gestes du quotidien.• Sans compter que, pour la société, les coûts liés au handicap et aux arrêts de travail sont majeurs.

Projets de recherche

En plus de sa mission de soin, le Centre poursuit des objectifs de formation et de recherche, ainsi que le souligne le professeur: « C’est justement le but d’un hôpital uni­versitaire que de former les jeunes, transmettre son savoir, faire de la recherche de pointe.• D’ailleurs, deux projets du Centre ont d’ores et déjà reçu d’importants finance­ments. Le premier, qui a obtenu des subsides d’un fonds national, est mené en collabo­ration avec le Laboratoire de neuroprothétique de l’EPFL et s’intéresse à la régénération nerveuse. Le second, qui a reçu 6 millions d’euros d’un fonds européen, ambitionne de mieux comprendre les douleurs fantômes et vise également à améliorer la main roboti­sée en permettant au cerveau de percevoir les sensations de chaud ou de froid.

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