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Lausanne, capitale de la nature

Menant une politique active en matière de protection de la nature et de gestion de la biodiversité, la Ville de Lausanne multiplie les mesures en faveur des espèces animales et végétales indigènes, appliquant avec succès les préceptes du développement durable.

« Lausanne, capitale olympique », peut-on lire sur les brochures des offices de tourisme. Elles pourraient aussi écrire : « Lausanne, capitale de la nature ». Cette ville de plus de 130 000 habitants – qui compte parmi les plus vertes de Suisse, puisque ses espaces verts couvrent près de la moitié du territoire communal – mène en effet une politique de gestion de la nature aussi dynamique qu’exemplaire. « Lausanne s’engage depuis de nombreuses années pour la recherche d’un équilibre harmonieux entre développement urbanistique et intégration de la nature, indiquent les autorités lausannoises sur leur site Internet. Dans la droite ligne du développement durable, cette approche considère le rôle de la nature dans toutes ses dimensions. Son rôle social est indéniable. Sa valeur culturelle ou esthétique n’est plus à démontrer. Les espaces verts d’une ville et leur biodiversité ont aussi un rôle (économique) à jouer dans les services qu’ils offrent à l’homme, de la diminution de la pollution à la stabilisation du sol, en passant par l’absorption des eaux de pluie.»

Les nombreux espaces verts favorisent également la présence d’une foule de mammifères, renards et fouines en tête.

Depuis le début des années 1990, le Service des parcs et domaines privilégie ainsi l’entre-tien différencié, qui a permis la transformation de nombreuses surfaces de gazons ras entretenus de manière intensive en prairies extensives, ne nécessitant plus d’arrosage, ni d’herbicides. L’abandon progressif de l’utilisation de produits phytosanitaires chimiques de synthèse dans les espaces verts communaux, cimetières compris, avec l’objectif de bannir complètement les pesticides d’ici trois à cinq ans, est également au programme. « Pour les terrains de sport et les pelouses de piscine, où une haute qualité de gazon est exigée par les usagers, des études sont en cours pour une gestion plus écologique, explique Pascale Aubert, déléguée à la nature depuis début 2011. Dans les potagers urbains et communautaires mis à disposition des habitants de plusieurs quartiers, des cours de sensibilisation et de formation pour une gestion écologique des potagers ont débuté en 2010 et seront intensifiés. Enfin, la Ville de Lausanne sensibilise les propriétaires privés, dont les jardins occupent près d’un quart du territoire urbain, à l’importance d’avoir plus de nature sauvage chez eux, afin de favoriser les espèces indigènes, qu’elles soient animales ou végétales.

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Lausanne Jardins 2009. Le toit végétal de la station M2 à la place de l’Europe.

Les toitures vertes se généralisent

Outre la gestion durable des espaces verts, la politique écologique lausannoise s’ac-compagne de plusieurs actions emblématiques. Parmi celles-ci, on peut citer la construction de murs en pierres sèches, qui offrent des habitats de choix pour les reptiles et pour les insectes, l’emploi de véhicules tirés par des chevaux pour un ramas-sage écologique des déchets, le fauchage à la faux pour limiter nuisances sonores et pollution, la pose de nichoirs à oiseaux ou encore l’installation d’hôtels à insectes. Dans le cadre de son programme Agenda 21, la Ville de Lausanne a également mis en place, dès 2001, la manifestation annuelle « Un arbre, un enfant » qui vise à maintenir un lien affectif entre les Lausannois et leurs forêts : chaque automne, les parents dont l’enfant est né l’année précédente sont invités à venir planter un arbre dans un secteur des forêts communales. Pour verdir encore davantage l’espace urbain, la capitale vaudoise a commencé, il y a une vingtaine d’années, à végétaliser certaines toitures au centre-ville. D’après les experts, les avantages de ce type de toiture sont nombreux : plus grande longévité, meilleure régulation du climat, rétention des eaux de pluie, capture de carbone, fixation de poussières et de particules, humidification de l’air en été, participation à l’isolation thermique et phonique du bâtiment, abaissement des besoins de climatisation, abri pour la flore et la faune ou encore plus-value esthétique, pour ne citer que les principaux. Un postulat a d’ailleurs récemment été déposé, demandant à la Municipalité d’étudier et de proposer des outils réglementaires dans le but de généraliser les toitures plates végétalisées.

Si Lausanne songe à se doter d’un outil de biomonitoring permettant de mesurer l’évolution de la nature en ville dans le temps, le succès de sa politique se vérifie déjà à l’aune des recensements faits sur le terrain par des biologistes. Pour commencer, elle peut s’enorgueillir de sa richesse botanique, puisque plus de 1 300 différentes plantes et fleurs y prospèrent. En ce qui concerne les oiseaux, on ne dénombre pas moins de 88 espèces nicheuses, dont six sont inscrites sur la Liste rouge des espèces menacées et une dizaine considérées comme prioritaires en Suisse. Les nombreux espaces verts favorisent également la présence d’une foule de mammifères, renards et fouines en tête, qui ont su s’acclimater à l’environnement urbain. Côté insectes, Lausanne n’est pas en reste. Elle héberge par exemple une vingtaine d’espèces de papillons, dont certains sont aussi sur la Liste rouge. Enfin, elle accueille de nombreux batraciens, dont des espèces très rares, qui affectionnent également les forêts lausannoises et leurs zones humides. Si cet inventaire des espèces présentes en milieu urbain est loin d’être exhaustif, une chose est sûre : si les animaux ou les plantes pouvaient voter, ils éliraient sans doute Lausanne comme l’un des endroits les plus agréables à vivre de Suisse !

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